Le cinéma Capitole a officiellement fermé ses portes le 30 septembre. La dernière séance de l’unique UGC de Marseille a eu lieu à 22h un dimanche soir…
Le cinéma Capitole a officiellement fermé ses portes le 30 septembre. La dernière séance de l’unique UGC de Marseille a eu lieu à 22h un dimanche soir.
Situé au cœur du centre ville sur la Canebière, le complexe de huit salles et 1975 fauteuils a souffert pendant un temps de mauvaise réputation. « Son image a pâti de la représentation que les Marseillais ont de leur centre-ville » soupire la directrice, Sandrine Van den Broeck. Délit de faciès pour le cinéma le moins cher de Marseille, qui a également été durement éprouvé par le voisinage des travaux du tramway.
« Nous avons constaté une baisse de fréquentation de 22 % en 2005, soit une perte de 100 000 entrées et de 60 000 entrées en 2006 » précise-t-elle.
Une situation fragile, des travaux onéreux de rénovation à entreprendre, un bail locatif qui arrive à expiration : il n’en faut pas plus au groupe UGC pour déclencher un licenciement économique. Quinze salariés dont la directrice sont remerciés. Pas de proposition de reclassement, excepté des mutations en dehors de la ville.
« C’est dur pour tout le monde. J’ai pourtant essayé depuis mon entrée en fonction de diversifier la programmation. Davantage de films français, des avant-premières, des évènements ont été organisés… Travailler dans le cinéma, c’est de toute façon une aventure particulière. Mon arrière grand-père a fondé deux cinémas dans les années 1920 à Alger et mon grand-père les a dirigés. J’ai conservé la photo de ces cinémas dans mon portefeuille pendant des années ! » s’exclame la directrice. Histoire qui a fait sourire Jean-Pierre Jeunet, invité à l’UGC de Nantes où la directrice du Capitole officiait jusqu’en 2004.
Malgré la bonne volonté de ses employés et un dossier d’indemnisation en cours auprès de la Ville de Marseille, le Capitole n’a pas résisté. Restaurant, cité universitaire, voire Hard-Rock Café (sic) : les rumeurs les plus diverses circulent toujours sur la nouvelle affectation des locaux.
On ne peut que déplorer cette nouvelle fermeture, qui réduit le nombre de salles obscures à la portion congrue dans le centre. Et l’on ne manquera de regretter ces séances pour le moins folkloriques, rythmées par des courses-poursuites entre vigiles et « sauvageons », des échanges téléphoniques passionnants (il n’était pas rare d’entendre le fameux « t’es où ? » en plein film) et enrobées de chewing-gum, pop-corn et crachats en tous genres.
Bénédicte Jouve