Sempre boulégan

Le Massilia Sound System sort un nouvel album, et fête l’événement samedi soir en ouverture de la Fiesta. Interceptés lors de la conférence de presse, on les retrouve fidèles à eux-mêmes…

Le Massilia Sound System sort un nouvel album, et fête l’événement samedi soir en ouverture de la Fiesta. Interceptés lors de la conférence de presse, on les retrouve fidèles à eux-mêmes…

Cooooool, le Massilia Sound System cuvée 2007. Jali, devant un aréopage de personnalités et de zélés zélus, lors de la conférence de presse de la 16e Fiesta des Suds : « La manne d’Euroméditerranée, dans ce 2e/3e arrondissement où je vis et où je suis né, est bien trop mal redistribuée… » Dans son nouvel album^[1], le collectif phocéen est plus que jamais fidèle aux collectifs, comités et associations qui irriguent la ville de leur sève émancipatrice : le vibrant hommage à Tati Ninja (du Tipi), la référence à Magali (du Balthazar) dessinent le portrait sensible de leur Marseille. Le provençal ? Jali : « Les Guinéens que j’ai rencontré dans leur pays, à l’occasion d’une création Soussou/provençal, s’étonnent de notre pauvreté linguistique quand, eux, parlent facilement cinq langues, qu’il s’agisse du fonctionnaire, du militaire, du fabricant de kora… » . Et ce n’est pas la silhouette menaçante de la tour CMA/CGM qui leur fera abandonner leur combat pour l’universalisme occitaniste. C’est la meilleure des ouvertures, que l’on retrouve dans un titre comme Lo grand tramblament, adaptation d’un superbe poème de Victor Gelu (nouvel hymne pour les manifs ?), ode aux ouvriers algériens des savonneries. Le Marseille maghrébin fait irruption dans la création de ces haut-parleurs phocéens : Au marché du soleil est un « hommage au souk, au forum, à la Méditerranée et à l’échange », c’est une « agora du quotidien » dixit Gari Greù. Musicalement, ce nouvel album présente davantage de « fusion entre tradition et modernité », et s’ouvre aux influences du reggae et du ragga le plus récent, aux riddims directs et au dancehall, aux influences des projets parallèles (voir encadré). « Le provençal des Massilia, c’est le patwa de Bob ! » assène Gari. De retour sur scène et dans les bacs, le MSS 007 est plus que jamais d’actualité…

Laurent Dussutour

Le 19 en concert à la Fiesta des Suds pour la soirée d’ouverture
www.massilia-soundsystem.com

LES PROJETS PARALLELES

Moussu T e lei Jovents
Avec Mademoiselle Marseille, inspiré par le roman Banjo du Jamaïcain Claude McKay sur le Marseille des années 20, Moussu T alias Tatou réussissait – avec ses « jeunots » et en 2005 – un véritable tour de force : faire d’un projet particulier (car en prise directe avec ses racines) un disque universel (critique unanime), soit l’aboutissement même d’une démarche entamée il y a vingt ans avec son groupe originel. Depuis, un second disque est sorti dans une même veine, fibre acoustique et charme désuet : le projet le plus authentique de la galaxie Massilia.

Oai Star
Désormais appuyé par le producteur local Adam (qui sort aussi les albums du Massilia Sound System), le groupe « rock » de Gari Greù et Lux B, ambianceurs de choc sur les tournées comme dans les bars, est sans doute le moins convaincant du lot. Et pour cause : les poncifs bourrins s’accumulent, et le message se dilue comme une goutte de pastis dans un océan de clichés. Or le rock n’a rien d’une galéjade : c’est l’expression d’une révolte, par trop souvent oubliée ces temps-ci. Reste la scène, où la dimension fun du courant binaire se pose là.

Soleil FX
Le projet de Papet J (alias Jali) avec Dj Kafra, autre pilier de la « première période » (seconde moitié des 80’s). Né il y a quelques années au détour d’un Ragga Balèti, ces sound-systems organisés au Balthazar par le Massilia Chourmo, Soleil FX associe le phrasé ragga du premier aux boucles jungle/drum’n’bass du second, devenu depuis la référence du genre à Marseille. Une rencontre inévitable : on sait combien la « drum’ » doit aux syncopes de la musique jamaïcaine, sans même parler de l’intérêt précoce de Jali pour les nouvelles technologies…

PLX