intermittents…Cœur de chien…Fassbinder…Roger Pailhas… (lire)
Le CPE fait de tous les actifs des intermittents en puissance : la rue ne s’y est pas trompée, masquant, hélas, les revendications des travailleurs du spectacle au moment même où s’achèvent les négociations sur les annexes 8 et 10 de leur statut (relatives au nombre d’heures d’activité et à la durée de l’indemnisation). L’heure est donc grave, le gouvernement paraissant fermement décidé à appuyer les propositions iniques du Medef dans une indifférence quasi-générale (cf. la cérémonie des César, dont l’équipe organisatrice n’a pas jugé utile de se faire le relais des revendications et dont les lauréats, à de rares exceptions près, n’ont pas pris la défense des leurs). Les intermittents poursuivent malgré tout leur lutte et entreprennent de manifester bruyamment leur désaccord ce mercredi dès 14h30 à la Criée. Au programme : sit-in et prises de paroles devant le Medef (place De Gaulle) dans l’après-midi, repas et musique le soir.
Mars 2006 : le printemps des reprises ? Ardemment défendues à leur création par l’un de nos chroniqueurs, deux pièces font ces jours-ci leur réapparition sur les planches locales. En adaptant Cœur de chien de Boulgakov à la sauce SF burlesque, la compagnie Théâtre Provisoire livre une belle parabole de notre vingtième siècle révolu, pertinente et spirituelle (du 10 au 18 à la Minoterie). Egalement adaptée par une compagnie marseillaise (L’art de vivre), Et voilà le travail entend quant à elle porter la révolution au théâtre. Littéralement, puisqu’il s’agit de la réécriture par un anarchiste de gauche, Jean-Paul Curnier, de la pièce Chacun son idée du fasciste Pirandello ! Contradictoire ? Peut-être. Savoureux, c’est sûr ! (le 14 au Théâtre de la Colonne, Miramas)
Si les sorties ciné de la semaine n’offrent rien de particulièrement excitant, ça se bouscule au portillon des cycles. Et il y en a pour tous les goûts : de l’après-Movida au Mazarin (Aix), des biopics — dont le Larry Flynt de Milos Forman — au 3 Casino (Gardanne), des Situationnistes au Miroir (voir p. 8)… Mais c’est certainement Extérieur Nuit qui fera l’événement ce week-end, puisque l’association propose, dans le cadre de son cycle « Berlin-Hollywood : Weimar en exil » (dont nous aurons l’occasion de reparler), la diffusion de Berlin Alexander Platz. Plus qu’un film, une somme qui, à travers l’histoire d’un ouvrier-souteneur-meurtrier-vendeur de journaux, « résume » toute l’œuvre de Fassbinder. Un conseil : prévoyez un casse-croûte, voire deux — la projection dure quatorze heures !
Quand on connaît le nombre très réduit d’acquisitions d’œuvres d’art du Musée d’Art Contemporain (en 2005, seulement Carsten Höller, Ann Veronica Janssens et Francesco Finizio), on s’est pris à rêver de la possibilité d’une donation concernant l’extraordinaire collection de feu Roger Pailhas. Cette semaine, on a pourtant annoncé sa dispersion dans une vente aux enchères le 28 avril à Paris : 130 œuvres où l’on trouve des figures majeures de la création actuelle, dont Daniel Buren, Carl Andre, Juan Munoz, Wang Du ou Luciano Fabro. Une décision qui met entre parenthèses l’hommage au galeriste que le Mac comptait organiser en novembre et qui tourne une page dans l’histoire de la présence internationale des collections d’art contemporain à Marseille.