Vertige de Christophe Gautry & Mathieu Brisebras

Le Court d’abord

Courts toujours

 

Le Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence est parvenu à fédérer un certain nombre de salles régionales afin de diffuser chaque semaine un court-métrage différent, en avant-programme des films.

 

S’il est une question régulièrement soulevée lors des divers colloques liés à la diffusion cinématographique, c’est bien celle de la place du court-métrage au sein des salles de cinéma hexagonales. Un nuage d’hypocrisie et de lâcheté plane parfois au-dessus des débats : si l’on s’accorde ordinairement à reconnaître l’importance et la vitalité de la création en matière de formes courtes, force est de constater que les exploitants ne consacrent qu’une part marginale à ce vivier foisonnant, d’où émergeront les futurs cinéastes marquants. Les (fausses) excuses vont bon train, à commencer par la sempiternelle litanie du nombre de séances réduites (donc du manque à gagner) en cas de programmation de courts-métrages. La production reste ainsi cantonnée aux divers festivals, et reste exclue d’un champ de diffusion immense. Les salles ont pourtant l’opportunité d’être soutenues par le travail exceptionnel de l’Agence du Court-métrage, qui propose, via le RADI, un catalogue de films fort divers, sans cesse renouvelé, dans lequel les cinémas peuvent copieusement puiser. Las, le dispositif ne fédère aujourd’hui que 300 salles, pour un parc national de près de 5 500 écrans. Le Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence, largement relayé dans ces colonnes, a ainsi décidé, pour ce dernier trimestre 2013, de monter au créneau : s’associant à près d’une douzaine de salles régionales, l’équipe organisatrice propose, en partenariat avec l’Agence du Court-métrage, de lancer une réelle dynamique et d’introduire ces formes courtes, souvent novatrices, au cœur des séances. De l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence au Lumière de La Ciotat, en passant par le Méliès de Port-de-Bouc, ou bien évidemment l’Alhambra de Marseille, les responsables jouent pleinement le jeu, et invitent le spectateur à la découverte de parcours cinématographiques atypiques, comme l’a prouvé la soirée d’inauguration, dans la salle estaquéenne, le 4 septembre dernier. Gageons que cette excellente initiative deviendra le point de départ d’un basculement des consciences, permettant à la création de courts une diffusion à la hauteur de ses ambitions.

Emmanuel Vigne

 

Le Court d’abord : jusqu’au 4/12 dans les salles partenaires (L’Alhambra et Les Variétés/César à Marseille, Institut de l’Image à Aix, Le Luberon à Pertuis, Le Fernandel à Carry-le-Rouet, Le Lumière à La Ciotat, Le Méliès à Port-de-Bouc, Le Casino à Trets, Le Grenier de l’Alcazar à Eyguières, Salle Emilien Ventre à Rousset). Rens. www.festivaltouscourts.com / www.mp2013.fr