L’interview – Rabih Abou-Khalid
Si vous avez déjà écouté un disque de Rabih Abou Khalil, c’est pour vous une évidence : cette musique est touchée par la grâce. Et si vous ne connaissez pas encore ce musicien libanais, son concert au Dock risque fort d’être une révélation. Attachant et affable, léger et profond, le personnage est à l’image de son œuvre…
Si vous avez déjà écouté un disque de Rabih Abou Khalil, c’est pour vous une évidence : cette musique est touchée par la grâce. Et si vous ne connaissez pas encore ce musicien libanais, son concert au Dock risque fort d’être une révélation. Attachant et affable, léger et profond, le personnage est à l’image de son œuvre…
Comment pourrais-tu définir ta musique ?
C’est toujours difficile pour un musicien de décrire sa musique. J’ai toujours fait ce que j’ai eu envie de faire. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si ma musique était classique ou moderne, orientale ou occidentale… Je crois que je suis un peu entre toutes ces cultures.
Est-ce qu’on pourrait dire que tu fais de la « musique arabe moderne » ?
Le charme de la musique arabe depuis les années quarante, c’est que de grands artistes comme Mohamed Abdel Wahab ou Farid El Atrache ont aussi regardé et écouté ce qui se passait dans la musique occidentale. Et c’est toujours plaisant quand une culture regarde une autre culture et se laisse influencer… Pour moi, c’est différent, j’ai vécu au Liban, je vis en Europe, ce n’est pas vraiment un mélange.
Tes morceaux portent souvent des titres assez évocateurs et poétiques, comme Mourir pour ton décolleté ou Ma muse m’abuse. C’est un aspect de ton travail sur lequel tu portes une attention particulière ?
C’est avant tout quelque chose qui me fait plaisir de jouer sur le titre d’un morceau, je trouve que c’est plus facile pour les auditeurs de rentrer dans ma musique d’une manière légère, souple, qui fasse sourire.
Ton dernier album, Songs for sad women, est-il vraiment destiné aux femmes tristes ?
Oh oui ! C’est pour le romantisme de la tristesse, et tu sais, la tristesse n’est pas vraiment triste… La tristesse des femmes est bien plus romantique que la dépression des hommes, c’est bien plus poétique. On peut jouer de la musique pour une femme triste, on ne peut pas faire ça avec un homme !
Tu dois souffrir parfois qu’on réduise ta musique à ses simples origines alors qu’elle dépasse aisément les frontières libanaises et arabes ?
C’est vrai que ça ressort souvent ! Il y a des gens qui veulent absolument voir un côté politique dans tout ce que je fais. Bien sûr que ce qui se passe là-bas me touche, mais en tant qu’artiste, ce que je fais ressortir c’est le sentiment, l’émotion, bien plus que l’aspect réaliste et politique.
Tes disques bénéficient toujours de pochettes et de livrets très soignés. Est-ce toi qui les dessines ?
Oui, ça me plait, j’ai toujours été attiré par les Beaux Arts. Je trouve dommage de mettre la musique dans des pochettes en plastique, la musique ça forme un tout… J’insiste beaucoup auprès de ma maison de disques pour réaliser moi-même ces objets.
Pourquoi as-tu choisi de vivre en France ?
La France est le pays le plus « naturellement » multiculturel d’Europe, je ne m’y sens pas étranger. Je vis à côté de Cannes et ça reste la Méditerranée : la mer me manquait beaucoup quand je vivais à Munich… Maintenant quand je me lève et que je vois la mer, c’est beaucoup plus facile pour écrire de la musique.
Propos recueillis par nas/im
Le 25 à la Fiesta Des Suds. Rens. 0825 833 833
Dans les bacs : Songs for sad women (Enja/Harmonia Mundi) 2007