Sauvetage Nocturne - L’affaire ‘Noon

Sauvetage Nocturne – L’affaire ‘Noon

Question : de quelle façon appréhendez vous votre travail ? Ici, à Ventilo, cette interrogation trouve réponse en chacune de ces lignes : nous le réalisons avec nos tripes. Il en va de même pour tout passionné…

Question : de quelle façon appréhendez vous votre travail ? Ici, à Ventilo, cette interrogation trouve réponse en chacune de ces lignes : nous le réalisons avec nos tripes. Il en va de même pour tout passionné, relais d’art ou de savoir en particulier, accroc au boulot et à la vie en général, pour qui réussites humaines riment avec grand frisson. L’équipe de l’Afternoon, paisible lieu associatif à géométrie variable où ces derniers ont coutume de se retrouver sous une lumière et une musique tamisées, se reconnaîtra sûrement dans cette vision. Elle adhère à cette idée « à l’ancienne », sincère et romantique du métier de « montreur de culture », et plus généralement à cette définition d’un travailleur passionné et heureux. A Marseille, de telles qualités ne sont pas toujours appréciées : « Ici, tout est plus dur qu’ailleurs », a-t-on coutume d’entendre. Et les gérants de l’Afternoon en font actuellement les frais. Cette rubrique change aujourd’hui exceptionnellement d’intitulé. Au lieu d’un écho du tapage nocturne de notre ville, elle amplifie la médiocrité d’une histoire qui, après nous avoir fait bondir, devrait vous toucher. Voici donc la traversée forcée de l’Afternoon, vaisseau classe et cosy, dans les profondeurs abyssales de la bêtise. Résumons : un ancien ami et voisin du lieu, sans doute un peu jaloux de la réussite de ses camarades, décide il y a quelques temps de faire un gros caprice, et jure de faire clore cet endroit si cher à nos cœurs et nos fesses (les banquettes…). En cherchant la petite bête, des mois durant, il trouve quelques obscures raisons : « Bon sang mais c’est bien sûr ! L’installation sonore n’est pas aux normes ! Il manque un limiteur » — machine très chère dont un établissement diffusant de la musique doit se pourvoir. Toute personne ayant déjà franchi le seuil de l’Afternoon sait à quel point la musique y est suggérée, à très faible volume. L’investissement aurait donc pu attendre, avec un peu d’indulgence, les premiers bénéfices de la jeune équipe. Mais nul n’est censé ignorer la loi, dit-on. L’ex-pote trouve donc un allié de poids dans les autorités locales, et porte plainte. Verdict : mise aux normes très onéreuse et obligatoire. Acharné, bien conseillé (moyennant finance), le voisin continue de fouiner. Après le compte en banque du lieu, il s’attaque à l’essence même du projet. Or l’Afternoon n’est en aucun cas un bar : comme tout foyer associatif, si beau soit-il, il dispose d’un comptoir pour vendre des rafraîchissements à ses adhérents. Il a toujours offert ses services (hors boisson) gratuitement à ces derniers, soit toute personne désireuse d’y passer. Après une nouvelle plainte du voisin, l’Afternoon est accusé par la douane de contourner la licence d’alcool, en offrant la gratuité d’entrée, donc l’adhésion. Il est sous le coup d’une fermeture. Anciens et futurs passants, habitués ou occasionnels de ce lieu où musiques électroniques pointues riment avec générosité, expositions osées avec excellence de la déco, respectons la loi : adhérons, pour 5 euros l’année. Nous vous laissons libres juges de l’ampleur de cette somme…

JPDC