A l’occasion de la manifestation Marseille Artistes Associés 1977-2007, le Cirva (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques) et le Frac occupent la Vieille Charité, Le Trésor des Marseillais retrouve le musée d’Histoire de Marseille, les professeurs de l’Ecole des Beaux-Arts investissent le Musée Cantini, et plus de vingt-cinq associations marseillaises se retrouvent au mac et aux Ateliers d’Artistes.
Cette manifestation tente de prendre acte, majoritairement, de la diversité des artistes, des œuvres et des acteurs qui nourrissent l’art contemporain à Marseille, en invitant le public à appréhender d’une façon singulière le monde de l’art. Si elle porte clairement l’ambition de Marseille candidate au titre de Capitale européenne de la Culture, elle a l’intelligence de ne pas proposer simplement une vision rétrospective (et souvent pompeuse) des productions en art ces trente dernières années (les œuvres présentées sont dans l’ensemble plutôt récentes), mais de solliciter une réflexion sur les différents moyens de soutenir la création contemporaine — en donnant une place importante et aux associations et à la diversité des pratiques artistiques Le mac accueille ainsi des associations qui participent chacune à leur manière à la production et à la diffusion de l’art. De multiples documents (cartons d’invitation présentant les expositions, catalogues, publications, écrits, etc.) permettent d’appréhender dans un premier temps cette diversité : les voies choisies, les modes d’intervention. On distingue surtout des initiatives collectives autour d’un lieu de création par l’accueil des artistes en résidence et d’un lieu de diffusion, ainsi que des interventions artistiques et sociales en direction des quartiers populaires et périphériques (comme La Compagnie à Belsunce et Le Château de Servières dans les quartiers Nord). Cette documentation est complétée par l’état final des travaux réalisés par les chercheurs de l’Havam (Histoire des Arts Visuels à Marseille).
Parmi la cinquantaine d’associations présentées dans cet espace documentaire, vingt-six ont été choisies pour occuper un espace du musée. Celui utilisé par Les Pas Perdus est particulièrement agréable à explorer : des vidéos (signées Anwar Jahangeer Doung, Jean-Paul Curnier…) sont projetées dans un petit cinéma très spécial conçu par Nicolas Barthelemy et Guy-André Lagesse, intitulé Streetscope movie house. Certaines structures ont préféré présenter une œuvre, d’autres plusieurs, en faisant parfois évoluer les pièces exposées tout au long de la manifestation. Comme la galerie Athanor, qui montre dans un premier temps les dessins passionnants de Jean-Jacques Ceccarelli, Joel Kermarrec, Thierry Agnone, ou encore Bruno Guitard. Les œuvres exposées par le Bureau des Compétences et des Désirs méritent elles aussi qu’on s’y attarde. Certaines associations ont décidé quant à elles d’investir le lieu en présentant leur histoire des propositions artistiques depuis leur création.
Les Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille accueillent l’association du Château de Servières, qui présente notamment des œuvres in situ. Ce lieu, a-t-on appris le soir du vernissage, devrait redevenir sous tutelle associative en étant prêté pendant deux ou trois ans à une association. Une convention serait actuellement en cours, justement avec le Château de Servières (on le souhaite).
Dans la chapelle de la Vieille Charité sont exposées des œuvres produites par une douzaine d’artistes au sein du Cirva ainsi qu’une vidéo réalisée par Serge Le Squer sur les pratiques de ce centre d’art en 2007. Créé en 1983 et installé depuis 1986 à Marseille, il accueille dans son vaste atelier des artistes aux pratiques les plus variées et désireux d’introduire le verre dans leur démarche créatrice. La découverte des pièces au sein de la chapelle est un moment tout simplement magique, grâce à la qualité des œuvres montrées (celles de Hreinn Fridfinnsson, Pierre Charpin et Javier Perez sont particulièrement fascinantes) et au dialogue qu’elles instaurent avec le lieu. Les artistes jouent sur les couleurs, les qualités de transparence, et les multiples formes possibles du verre, en l’associant parfois à d’autres matériaux.
Cette manifestation nous donne envie d’encourager le soutien à la création qui ne passe pas seulement par les expositions, l’achat des œuvres ou la mise à disposition d’ateliers. Le dynamisme des associations nous montre bien la nécessité d’inventer sans cesse de nouveaux modèles d’organisation. C’est ensemble que ces divers facteurs agissent et qu’ils participent à une reconnaissance du travail des artistes. L’ouverture à des propositions très différentes — à l’art contemporain — nous amène, en partant de nos croyances et de nos attentes, à les élargir ou les modifier, et par la même à nous faire éprouver que l’on peut sentir autrement et diversement, au bénéfice d’un temps à venir.
Texte : Elodie Guida
Photo : Antonio Gagliardi, Wonderful
Marseille Artistes Associés, jusqu’au 30/03 dans divers lieux de la ville. Rens. 04 91 14 58 80 / www.marseille.fr