Il est de notoriété publique que le genre humain n’est pas fait pour vivre seul, que l’homme, avec un grand H, n’est pas un, mais deux. Le célibat, surtout passée la trentaine, serait donc une infirmité sociale et quand il se prolonge, l’infamie ultime. Regardez autour de vous, où il n’est pas rare que l’on plaigne le célibataire de la bande comme on plaindrait quelqu’un de souffrant — « Paul(ine) traverse une sale période, j’espère qu’il/elle va s’en sortir … » Et si le/la malade (du cœur) résiste envers et contre TOUS à l’appel du couple-roi, en refusant une fois de plus l’énième soirée bi-pack saupoudrée de low dating, c’est qu’il/elle est forcément condamné(e), arf… Ainsi de Brian, anti-héros de What about Brian, série produite par J.J Abrams, show-runner de Lost et Alias. Incarné par le beau gosse Barry Watson — qu’on avait ignoré dans l’insupportable 7 à la maison et son prosélytisme crétino-chrétien —, Brian est le genre de bon gars altruiste qui fait craquer les filles de 17 à 77 ans au premier mouvement capillaire, qui se déguise en Père Noël pour les mômes de ses potes ou qu’on appelle à chaque déménagement. Un gendre idéal donc, le Brian, mais seul, horreur, malheur. Non pas qu’il soit tordu ou égoïste, Brian, c’est juste qu’il ne trouve pas la « bonne », parce que déjà prise — donc très facile à brancher —, trop barrée ou trop facile. Cependant que ses amis, en pleine crise conjugale, s’escriment à lui vendre la félicité d’une vie à deux. La série sous-entendrait donc que la solitude du célibataire vaut mieux que tous les compromis imposés par la vie à deux ? Pas mieux.
Henri Seard