Festival Cinéma Télérama
Cinérama
Malgré un positionnement culturel souvent contesté, participant entre autres à une certaine standardisation des propositions artistiques, l’hebdomadaire Télérama fait son tour des salles hexagonales avec un festival éponyme nous offrant l’opportunité de séances de rattrapage, parmi les films sortis en 2013.
Chaque année, les Festival Cinéma Télérama sélectionne une quinzaine d’œuvres marquantes qui ont fait l’actualité cinématographique, proposant aux salles de piocher dans cette sélection. A l’instar des éditions précédentes, c’est l’Alhambra, aujourd’hui unique salle classée Art et Essai de Marseille, qui se charge d’accueillir l’événement. Evidemment, on regrettera une programmation qui laisse la part belle aux opus ayant déjà bénéficié d’une couverture médiatique conséquente, et l’absence de joyaux sortis dans l’anonymat total. L’hebdomadaire se cache derrière l’argument démocratique imparable : ce sont les lecteurs qui ont participé à cette sélection. Mais ne boudons pas notre plaisir : les huit films choisis par l’Alhambra comptent parmi les très belles surprises de l’année. Premier point savoureux : aucun film français, déjà bien surreprésenté dans l’agenda annuel des sorties. Soulignons de prime abord la reprise du sublime dernier opus d’Alejandro Jodorowsky, La Danza de la Realidad, envolée autobiographique onirique et bourrée de poésie, l’une des plus belles surprises de l’année 2013 ! Deux films sortis en toute fin d’année ont également fait parler d’eux : A Touch of Sin d’une part, du Chinois Jia Zhang-Ke (le réalisateur du très beau 24 City), prix du meilleur scénario à Cannes. Le cinéaste nous offre un portrait sans concession de la Chine contemporaine, s’inspirant de quatre faits divers particulièrement violents qui ont secoué le pays ces dernières années. Et d’autre part Le Géant égoïste, opus anglais de Clio Barnard, flirtant avec les meilleures heures du free cinéma. Enfin, l’équipe de l’Alhambra offre la possibilité de découvrir les deux parties du diptyque Heimat d’Edgar Reitz. On se souvient de la trilogie fleuve du même nom, sortie entre 1984 et 2004, qui nous plongeait dans une Allemagne secouée par l’histoire, tout au long du XXe siècle. Ces deux nouveaux épisodes fonctionnent comme une sorte de prequel aux opus précédents, enrichissant une œuvre qui compte parmi les plus beaux monuments de l’histoire du cinéma.
Emmanuel Vigne