Regards d’artistes sur Marseille-Provence 2013 au Musée Regards de Provence
Retour vers la culture
Tandis que s’achève l’année Capitale de la Culture, l’exposition Regards d’artistes sur MP 2013 est l’occasion de prendre du recul et de faire le point sur les événements passés, et ce qu’il en restera.
Depuis 2010, Bouches-du-Rhône Tourisme invite en résidence des artistes qui n’y habitent pas afin d’offrir au public un regard différent sur la région. Cette année, ils sont sept à avoir couvert le territoire MP 2013 pour une très touchante exposition dans le tout nouveau Musée Regards de Provence. Touchante, car comme l’a dit Jean-François Chougnet lors du vernissage, à peine tournée la page de cette année Capitale, nous voici déjà dans un travail de rétrospection : « On regarde cette exposition comme on regarderait un livre d’histoire. » En témoignent les nombreuses photographies de Patrick Messina : le J4 transformé par Generik Vapeur en 17e arrondissement, les fêtes sur le toit flambant neuf de la Tour-Panorama à la Friche ou encore un travail sur « la mise en perspective de l’homme par rapport à la nature » via le GR®13, sentier de randonnée parcourant le saint territoire sur 360 kilomètres. Véritable star de l’exposition, le MuCEM a été l’objet de tous les fantasmes artistiques. On le retrouve tant dans les collages numériques de Julien Pacaud que sur les sublimes photos d’Olivier Metzger, entre images de mode et clichés artistiques. Guillaume Martial lui a préféré le Grand Théâtre de Provence ou le Musée Départemental Arles Antique pour questionner la place de l’homme dans son environnement. Et si Alexandre Cianco a eu un véritable coup de cœur pour le Musée Granet, Benoît Paillé a quant à lui choisi de mettre la lumière sur les hommes sans qui rien de tout cela n’aurait pu être possible : ceux qui travaillent sur les chantiers de ces majestueux édifices culturels.
Laurent Jaïs
Regards d’artistes sur Marseille-Provence 2013 : jusqu’au 6/01/2014 au Musée Regards de Provence (Avenue Vaudoyer / Boulevard du Littoral, 2e).
Rens. www.museeregardsdeprovence.com
Pour en (sa)voir plus : www.snapshotsofprovence.com
UN REGARD D’ARTISTE SUR REGARDS D’ARTISTES
Stéphanie Lacombe, 37 ans.
Originaire de Cahors, travaille et habite à Paris.
Unique représentante féminine de l’exposition, Stéphanie Lacombe a été repérée par Uzik, société organisatrice du festival My Provence, avec sa série La Table de l’ordinaire (Prix Niepce en 2009). Il lui a été demandé une recherche sur l’humain plus que sur le bâti architectural. « Chaque artiste participant au projet s’est vu attribuer un secteur géographique et un travail en lien avec un lieu ou un événement de MP 2013. J’ai choisi Martigues et sa région sans y avoir jamais mis les pieds. » Durant ses six mois de résidence, elle a réalisé cinq séries de photos dont trois seulement sont exposées.
La première est celle qui reflète le mieux son travail. Dans le cadre des très controversés Quartiers créatifs, elle nous emmène dans l’intimité familiale des habitants de Notre-Dame des Marins, une cité HLM sur les hauteurs. « Les appartements sont tous en duplex, l’architecte s’étant inspiré de la Cité Radieuse du Corbusier… Mais il se dit que c’est une réplique ratée. Les gens ont joué le jeu, ils étaient d’une extrême sympathie. La particularité de cette série, c’est que toutes les photos sont prises d’un même angle de vue. Seuls changent le décor et les personnes. »
La deuxième montre des clichés de la Côte Bleue qui, pris en mouvement, marouflés sur une vitre, photographiés de nouveau et après avoir subi d’autres traitements secrets (pour ne pas dire trop compliqués à expliquer ici), rendent compte d’une brutalité, d’une force de la nature que Stéphanie a ressentie lorsqu’elle est venue pour la première fois. « J’ai eu la chance exceptionnelle de tomber sur une tempête et j’ai ainsi pu immortaliser cette région sous un aspect que même ses habitants ne connaissent pas. » Bluffant !
Enfin, un exercice imposé (et peu ragoutant) sur le thème de l’usine EDF. L’artiste a dû user de toute son imagination pour proposer autre chose que de simples clichés de site industriel. Le résultat est étonnant. La série est composée de trois tableaux. Sur chacun d’entre eux, un tableau dans le tableau : l’un à la peinture, l’autre en photo et le dernier au canevas. Les usines y ont été rajoutées au pinceau, par Photoshop et… oui, oui, à l’aiguille ! « En sillonnant la région, je me suis rendu compte qu’il était impossible d’échapper à la vue de cette usine. Je l’aie imaginée si précieuse au cœur des Martégaux qu’ils puissent en avoir des tableaux au-dessus de leurs buffets. Je les ai inventés, puis photographiés comme s’ils étaient chez des gens… sauf que c’était chez moi. » Bienvenue chez elle !
LJ
Rens. www.picturetank.com