L'interview : Massimo Furlan
A l’occasion de la réouverture du Merlan, le Suisse Massimo Furlan occupera samedi le stade Vélodrome, seul et sans ballon, avec pour unique costume le N° 10 de Michel Platini, pour nous faire revivre la fameuse demi-finale de la coupe du monde de football France-RFA de 1982. Entretien avec un performeur (d)étonnant !
Reconstituer seul un match de foot devenu légendaire, c’est déjà une drôle d’idée. Mais est-ce que tu pourrais imaginer aborder un autre sport ou un événement extra sportif ?
Pour ce type de performance, il faut un événement rattaché à la propre histoire des spectateurs ; le foot a cette puissance-là, tout le monde sait ce que c’est même s’il ne le suit pas, on s’identifie plus facilement à une équipe qu’à une personne seule… A Varsovie, j’ai refait un match de l’équipe de Pologne, en Italie et en Suisse, la finale de 82 RFA/Italie. Mais on peut aussi sortir du sport. Pour 2009, j’ai un nouveau projet : la reconstitution la plus fidèle possible du concours Eurovision de la chanson de 1973 !
Tu nous fait revivre un match de foot, et pourtant tu n’as pas de ballon…
Un ballon… je ne saurais pas quoi en faire. Le foot, j’y jouais seul et dans ma chambre quand j’étais petit : je m’imaginais champion du monde. Une seule fois, j’ai fait un vrai match, j’étais très mauvais, dans une équipe très mauvaise, mais j’ai marqué un but !… Et juste après, je me suis cassé le pied…
Seul sur le terrain, tu es sûr de gagner, non ?
Là, en l’occurrence, on se fait éliminer… Mais c’est pas grave, cette défaite a quelque chose de sublime.
Quand tu dis « on », tu passes du rôle de spectateur à celui d’acteur ?
En fait, après deux heures, je suis épuisé : j’ai couru, je suis tombé, j’ai protesté… A la fin de la performance, c’est-à-dire au coup de sifflet final, j’éprouve plein d’émotions qui se superposent, le public est encore là, il siffle, il crie, il applaudit… J’ai un peu l’impression de vivre le match.
Est-ce que ton public devient lui aussi supporteur ?
La première fois que j’ai fait une telle performance, il faisait – 5°, je pensais que les gens ne viendraient pas. En fait, il y avait du monde, et les gens ont compris qu’il y avait un personnage à incarner : les supporteurs. Et ça marche, même avec ceux qui ne sont pas familiers avec le football. En partant, les gens klaxonnent, le spectacle continue hors du stade.
En choisissant Platini, tu t’accordes le beau rôle : celui du créateur, de l’artiste. Est-ce que tu aurais pu incarner un autre joueur de ce match ?
Durant ce match, tout le monde a très bien joué… sauf Didier Six qui s’est « troué ». Tigana, ça aurait été bien aussi, mais je n’ai pas le physique, ce n’est plus crédible, et Patrick Battiston, c’était un rôle bien trop risqué !
Ça te fait quoi d’occuper un lieu hautement symbolique comme le Stade Vélodrome ?
La match que je rejoue, c’est une défaite… ça ne va pas trop changer les supporteurs marseillais de leurs habitudes… (rires) ! Non, je plaisante, je suis très curieux de voir la réaction du public à Marseille car c’est une ville de foot et de passion. __ Tu es seul sur le terrain, mais assisté de deux personnes issues du milieu du foot…__
Pendant tout le match, il y a Michel Hidalgo, le sélectionneur national de 82, qui est sur le banc, et à la fin il vient me chercher sur le terrain. Il y a aussi Didier Roustan qui commente le match au milieu du public, et ses commentaires sont uniquement retransmis sur les ondes de Radio Grenouille, il faut donc venir au stade avec un petit poste radio.
A la fin du match, tu nous jetteras ton maillot comme dans un vrai match ?
Non, ça va pas ? Il fait trop froid ! Et en plus, dans le vrai match, Platini l’échange avec un joueur allemand.
Propos recueillis par nas/im
Photo : L. Ceillier
Numéro 10 de Massimo Furlan : le 17 à 18h au Stade Vélodrome (tribune Jean Bouin, 3 bd Michelet). 3 €. Rens. 04 91 11 19 20