C’est un petit village, quelque part en Europe de l’Est, où se prépare un mariage. A priori tout semble normal — mais en fait, c’est un vrai cirque là-dedans…
On connaissait déjà le « village de fous » d’Astérix, qui persiste à résister encore et toujours à l’envahisseur romain ; le Circus Klezmer nous invite à passer une soirée dans un autre village de fous, aux mœurs tout aussi réjouissantes… Sa localisation ? Quelque part en Europe de l’Est, à une époque indéterminée, qui doit se situer au milieu du siècle dernier. Ses caractéristiques ? Tout d’abord, on aime y faire la fête, et toujours en musique ; ensuite, le pouvoir semble y avoir été confié à l’idiot du village, ce qui n’est sûrement pas le plus mauvais choix ; enfin, un mariage s’y prépare, et la jeune amoureuse a la singulière habitude de planer au-dessus du vide, suspendue à une simple corde… Spectacle typique du nouveau cirque, où les numéros d’acrobatie et de jonglage viennent illustrer une histoire et les émotions de ses personnages, le Circus Klezmer puise son inspiration dans les traditions musicales et culturelles d’Europe de l’Est : créée par des musiciens juifs itinérants au début du vingtième siècle, la musique klezmer, fortement expressive et rythmée, accompagnait en effet les fêtes et les mariages. Interprétée directement sur scène par trois musiciens (violon, accordéon et clarinette), elle fait merveille au Circus Klezmer pour souligner les ressentis des personnages et ponctuer les numéros. Toujours basés sur des accessoires simples et quotidiens (assiettes, cartons…), ces derniers ne manquent souvent pas de piquant : ainsi de la dispute conjugale jouée par deux acrobates, où la digne épouse se retrouve aplatie comme une crêpe après avoir tenté d’arracher la tête du chef de famille — ou encore d’un numéro de jonglage hilarant où l’on découvre l’art délicat de se saouler à trois quand on n’a que deux verres et deux bouteilles. Au final, ce Circus nous entraîne à faire une intrusion dans les films d’Emir Kusturica, ou encore dans certains tableaux de Marc Chagall — avec moins de poésie onirique, peut-être, mais beaucoup de burlesque.
Fabienne Fillâtre
Circus Klezmer. Jusqu’au 18 au Théâtre Massalia.