Chants libres
S’affranchissant des codes de la chanson française, ancienne ou nouvelle, le festival Avec le Temps fait à nouveau preuve d’un éclectisme à tout crin, réunissant un large panel d’amoureux de la langue de Molière. Tour d’horizon.
Au-delà de jouer sur l’équilibre complexe entre tête d’affiches, nouveaux talents et artistes émergents, le festival Avec le Temps participe à la découverte de petites scènes. Loin de la grandeur de l’Espace Julien, des salles comme L’Eolienne, le Cri du Port ou le Lounge vont accueillir des artistes méconnus. Un soupçon de punk avec Blah Blah, une ambiance cabaret avec Oda, le rock de Captive, et on se laisse emmener dans l’univers du spécimen Chinaski, des rêves d’ordinaire aux sons épurés.
Puis voilà l’envie qui s’éveille, celle d’onduler son corps sur une acoustique soul aux influences vocales africaines : on suit alors les mots d’Armelle Ita ou la voix suave de Mariannick Saint-Céran dans un instant blues jazz assurément planant, en hommage à Nina Simone.
Mais la principale caractéristique du festival est sans doute à chercher dans sa conception — (très) large — de la chanson en français, de l’accordéon électro de BATpointG à la frénésie de Pense-Bête, qui valse entre swing manouche et sonorités du monde. Ajoutons à cela la pop d’Aline, bien connue dans ces pages, ou encore le rap de Kacem Wapaleck, qui s’amuse des assonances et des rythmes des mots, et les premières parties devraient offrir leur lot d’exaltation.
Enfin, place à l’artiste attendu, celui pour qui on a arraché un billet des mains du guichetier, celui pour qui on est prêt à attendre des heures, celui pour qui notre voûte plantaire trépigne… La fameuse tête d’affiche. L’intense Barbara Carlotti, la douceur d’Autour de Lucie, les mots de Jacques Higelin, la fraîcheur de Thomas Fersen, la poésie des Têtes Raides et La Rumeur seront là. Tous ont la clé des chants, laissons-leur nous ouvrir les portes de leurs univers.
Elise Lavigne