Unframed. Un projet de JR à la Belle de Mai (éd. Alternatives)
Unframed nous invite à découvrir les dessous de l’exposition monumentale réalisée par le célèbre street artiste JR pour l’année Capitale. Loin d’un regard objectif, il s’agit davantage d’une hagiographie, à la gloire de JR mais aussi du projet. Si le rendu est aussi beau sur le papier qu’il l’a été dans la rue, les limites se révèlent tout de même entre les lignes. Ainsi, le lecteur profane pourrait aisément croire que JR est l’inventeur du street art, le génie premier à oser faire de la rue une galerie à ciel ouvert, alors qu’il n’en est rien. « L’image de JR n’indique rien, ne vend rien, en somme ne se commande pas », ose Emile Abinal, ami de l’artiste et producteur de l’exposition. Pourquoi ne pas signaler que ce projet est au contraire, et comme la plupart des interventions de JR, commandé par l’institution ? Comment justifier alors quinze pages d’explications sur ce qu’indiquent ces œuvres ? L’ouvrage fait également état de l’importance pour l’artiste d’écouter les petites histoires qui font la grande, alors même qu’il se méfiait des prescriptions participatives et pédagogiques — force et justification même du projet. L’intérêt de l’explication a tout de même du bon, rendant honneur au travail abattu par les associations et les personnes ayant recherché ces photographies d’archives, offrant à Marseille un regard tendre sur son histoire métissée. Chaque photographie se voit ainsi décrite par une personne, qui la commente ou partage simplement un ressenti : une humanisation du propos qui relève l’intérêt de la chose. On déplore également l’absence d’explications sur le choix des murs, nous assurant qu’il s’agit d’une longue recherche architecturale… Les auteurs oublient la valeur du mur, cet espace public qui n’en est pas toujours un, cet espace investi depuis les années 60 par un nombre incalculable d’artistes talentueux, la plupart vandales.
Elise Lavigne
Pour en (sa)voir plus : www.jr-art.net