Petite piqûre de rappel : à la fin des années 90, le label Gigolo sort le très ironique mais néanmoins addictif Champagne Ep, signé Miss Kittin et son comparse de l’ombre The Hacker. Hommage en forme de pied de nez à leurs héros musicaux des 80’s, il sanctifie une bonne fois pour toutes le sacro-synthé Moog… (lire la suite)
Petite piqûre de rappel : à la fin des années 90, le label Gigolo sort le très ironique mais néanmoins addictif Champagne Ep, signé Miss Kittin et son comparse de l’ombre The Hacker. Hommage en forme de pied de nez à leurs héros musicaux des 80’s, il sanctifie une bonne fois pour toutes le sacro-synthé Moog[1] et annonce le début d’un revival electro sur les dancefloors du monde entier. La recette de ce retour triomphal puise ses ingrédients vingt ans auparavant : des lignes de basse racoleuses à souhait, des textes nihilistes, scandés avec autant de vie qu’aurait pu le faire une caisse enregistreuse si elle avait été dotée de la parole, le tout sur des rythmiques italo-disco chères à Moroder. Cette vague passéiste durera quelques années, mais ne résistera pas longtemps à l’invasion minimale. On en conservera surtout quelques hymnes éparses produits « as we were in 82 », et l’impression d’avoir (re)vécu, en condensé et avec deux décennies de décalage horaire, les cruciales années qui virent la démocratisation des machines dans la musique. Mais ce mouvement a aussi permis de propulser sur le devant de la scène électronique quelques artistes qui, bien avant les suiveurs et dans une certaine confidentialité, avaient déjà fait de l’electro 80’s et ses frasques pailletées leur marque de fabrique. David Carretta fait partie de ceux-là. Propulsé pape electro-trash à la dissolution du tandem précité, il demeure un des seuls survivants au raz de marée Kompakt/B.Pitch, lui qui prêche depuis près de dix ans les vertus festives et aphrodisiaques de la basse vrombissante. En créant en 2003 le label Space Factory, le Marseillais réussit à regrouper les plus virulents gardiens du temple de la boule à facette, les plus talentueux et authentiques. Jugez plutôt : The Hacker, Savas Pascalidis et surtout l’excellent Millimetric (dans une veine plus techno et sombre) ont produit pour lui des titres. Alors, au final, qu’est-ce qui différencie ces derniers de la masse ? S’ils utilisent tous les mêmes sonorités, on trouve chez les représentants de l’écurie Space Factory le grain de folie en plus, franchement décalé (les costumes de scène de Carretta en témoignent), et même parfois un certain romantisme. Mais ce qui prime, c’est un talent de composition supérieur à la moyenne, bien au-dessus de tous ceux qui prirent le train en marche dans les années 2000. De la musique de qualité donc, réservée à un public averti.
Jean-Pascal Dal Colletto
Space Factory party, le 17 au Studio 88 avec David Carretta (live & dj), D.I.P (live), Polygamy Boys (live) et Stamba (dj)
Dans les bacs : Hits parade/mix parade (Space Factory/Discograph)
www.spacefactory-disques.com
Notes
[1] Clavier mythique qui a traversé les époques et les styles, et fait les riches heures de l’electro