L’Homme sans âge – (USA – 2h05) de Francis Ford Coppola avec Tim Roth, Alexandra Maria Lara, Bruno Ganz…
Coup de foudre
Le retour à la réalisation de Francis Ford Coppola après dix ans de mutisme constituait sans doute l’évènement de cet automne cinématographique. La déception autant que les promesses de cet Homme sans âge sont donc à la hauteur de l’attente. Voilà d’abord un film totalement bancal qui frôle parfois le grotesque ésotérique avant de séduire par ses éclats baroques. Voilà surtout un film qui cherche tous azimuts et qui défriche un terrain d’expérimentation illimité. Que ce soit le patriarche Coppola qui nous le livre n’a au fond rien d’étonnant. Depuis Apocalypse Now, le cinéaste américain semble obsédé par la jeunesse, abordant le cinéma comme une cure de jouvence aux possibilités infinies. Le récit aventureux du professeur Dominic Matei, septuagénaire régénéré par un éclair, semblait taillé pour son style bigger than life. Cet Homme sans âge a donc les défauts des qualités de son réalisateur. Il est éperdument romanesque, rempli d’effets de manche « old school » (filtres colorés, surimpression, décadrage, nuit américaine, etc.) et maniériste à souhait. Le spectateur a le choix. Il peut rire de ces ambiances cheap ou s’amuser du savant nazi directement sorti d’une série Z des 50’s. Il perdrait alors de vue les pistes esthétiques les plus passionnantes entrevues depuis longtemps. Il manquerait quelques scènes saisissantes de maîtrise visuelle. Et il passerait à côté de la belle proposition du film : remonter le temps pour dessiner l’avenir du cinéma, nous promettre deux heures d’un rajeunissement fou, inventif et irraisonné. Pour cela, et parce qu’il augure d’une œuvre plus ambitieuse encore, L’Homme sans âge est un film précieux.
Romain Carlioz