La parole libre

Le Merlan termine la saison les pieds dans l’herbe avec un désir d’extérieur qui emmène le public dans les rues à la découverte du chorégraphe Yann Lheureux, un homme foncièrement enjoué et aux propositions multiples.

Chez Yann Lheureux se pose la question du free ride et du multiculturalisme. L’identité se révèle sous d’autres codes et la danse quitte le théâtre pour aller à la rencontre des zones périphériques ; là où les communautés tentent de s’affranchir du ghetto. L’espace de la ville nouvelle devient une aire de jeu et les pas réinventent une chorégraphie compatible avec l’asphalte. Le parlé anglais bouscule le français, le survêt à capuche camoufle le collant et les corps affichent des slogans et des revendications. Quelle différence entre le syndicalisme et la parole libre ? L’acceptation d’une masse (le groupe) qui devient « un plus un » : je choisis mon partenaire, je l’emmène vers un inconnu qui le transcende, parce que le slow est universel et dans le libre échange. En choisissant les univers du BMX et des yamakasis, Yann Lheureux prend le risque de perdre l’individu au profit de la performance, mais en optant pour la performance, il s’inscrit clairement dans le refus d’une dramaturgie scénarisée, privilégiant l’instant et l’envie d’un déplacement de l’un (le performer) vers l’autre (le chorégraphe). Il s’opère une déconstruction, le passage du concret à la fragilité, la manifestation d’une envie qui colle si bien à l’adolescent. L’adulte-enfant, c’est le rêve d’une humanité qui s’épuise dans le travail et en perd l’essentiel : le plaisir d’avoir deux bras et deux jambes.

Karim Grandi-Baupain

Flagrant Délire + Flat / Grand Délit : les 4 et 5/06 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14^e).
Rens : 04 91 11 19 30 / www.merlan.org

Flagrant Délire, dans le cadre de Sirènes et Midi Net (Lieux Publics) : le 4/06 à 12h sur le Parvis de l’Opéra de Marseille (2 rue Molière, 1^er).
Rens. 04 91 03 81 28 / www.lieuxpublics.com
Pour en savoir plus : www.cie-yannlheureux.com