Nous, les vivants – (Suède – 1h34) de Roy Andersson avec Jessica Lundberg, Elisabet Helander…
Swedish way of life
Le principal inconvénient, quand on a réalisé un des « plus grands films de tous les temps », est certainement la pression qui s’instaure alors. Faire la suite et garder ce style « si personnel » au risque de se répéter ? Ou tout changer pour montrer l’étendue de son génie ? Autant de questions dont Roy Anderson, génial réalisateur de La chanson du deuxième étage, ne s’est pas embarrassé pour tourner ce Toi qui es vivant (le titre original). Monomaniaque, le Suédois a en effet UNE vision de l’humanité qui, en images, conserve un même aspect. A travers les centaines de pubs, essais et courts-métrages à son actif, il s’arrête toujours à l’identique, figé et contemplatif au-dessus de nos vies. Lourds et adipeux mais unis par leur situation moderne, les humains qu’observe Anderson sont avant tout des fantômes, conscients. Tels des blessés obèses attendant le trépas, traumatisés par l’absurdité contemporaine, ils peinent à se mouvoir au milieu de plans statiques que soulignent des perspectives de béton ou de formica se déclinant à l’infini. Ces teints blafards gigotent dans ce qui ressemble à une antichambre brumeuse : notre société. Légère déception : Anderson n’a pas su ici retrouver l’ampleur monumentale des scènes, le rythme lourd et surtout l’abstraction de son chef d’œuvre précédent, préparé pendant vingt ans jusqu’à devenir un puzzle parfait de métaphores définitives et millimétrées. Au final, Nous, les vivants ne restera certainement que comme l’un des plus grands films scandinaves.
EG