Après une période de controverse, le Grand Théâtre de Provence ouvre ses portes samedi à Aix-en-Provence.
Dédié à la musique, le projet divise — jusqu’au sein même de la mairie. Le chantier engagé en 2005 déchaîne les passions dès son ouverture. Jacques Salord, délégué à la vie culturelle à la mairie d’Aix-en-Provence se dit « très en retrait de ce projet prohibitif ». Le motif avancé ? Le coût : « Ce projet a englouti 70 millions d’euros et pour une telle somme il me semble que l’on aurait pu faire autre chose. Maryse Joissains s’est engagée auprès des élus pour obtenir le soutien du Conseil Général sans l’avoir obtenu. L’apport aurait dû constituer 20 % du budget. Ce qui signifie qu’il est désormais entièrement à la charge du contribuable. » Les critiques commencent par la question de la situation géographique, le GTP étant « situé près d’une voie de chemin de fer, on constate un surcoût de 15 % par rapport au budget initial de 2001 pour une question d’étanchéité sonore », explique Jacques Salord. Ce qui motive les critiques issues du tissu associatif aixois, c’est bien la question du financement et ses répercussions sur les autres structures vouées à la culture. Inauguré par la Ministre de la Culture Christine Albanel en juin 2007, le Grand Théâtre pose la question des choix culturels du Pays d’Aix dans un contexte électoral qui s’annonce houleux. Dans une ville où 50 000 habitants ont moins de vingt-cinq ans, les « contre » reprochent un choix tourné résolument du côté d’une culture « de prestige », au détriment d’autres propositions musicales et artistiques.
Responsable de la programmation, Dominique Bluzet (directeur des théâtres du Jeu de Paume à Aix et du Gymnase à Marseille) insiste lui sur « une aventure collective ». Rappelant la collaboration d’Angelin Preljocaj ou l’accueil du Festival d’Art Lyrique dans « une salle conçue pour la musique lyrique et la danse, les qualités acoustiques ne permettant pas pour les musiques actuelles de trouver leur place. » Martelant que « le Festival et le ballet Preljocaj sont des aventures de dimension européenne et mondiale » et que « le problème des musiques actuelles, c’est qu’elles ne sont pas portées aujourd’hui par une personne ayant le charisme suffisant pour proposer une aventure fédérative. » Tout en reconnaissant que « les musiques actuelles sont un enjeu majeur de la culture. » Entre récitals ou musique de chambre, le choix d’une soirée slam, programmée pour janvier 2008, constitue « un signe fort montrant que toutes les formes artistiques ont leur place. » Dominique Bluzet affirme également vouloir « travailler sur un terrain social de manière beaucoup plus militante, pour donner accès à tous. Cette saison est un moment de découverte pour le public et les artistes. La saison 2008-2009 est placée sur des engagements militants plus forts, ce sera lisible artistiquement, financièrement, culturellement et politiquement. » En espérant que le public, tous les publics, s’y retrouve(nt).
Texte : Bénédicte Jouve
Photo : Tomaso Macchi Cassia
Grand Théatre de Provence (380 avenue Max Juvénal, Aix-en-Provence).
Rens. 04 42 91 69 69 / www.legrandtheatre.net