La (s)cène se passe dans une église californienne. Un homme, dépenaillé, s’apprête, en pleine « crise de foi », à se confesser à Dieu, histoire de soulager sa conscience — ou du moins ce qu’il en reste. Alors qu’il entame son monologue et une longue liste de péchés, une bonne sœur, mais alors super bonne, lui propose, en guise de repentance et en lieu et place d’un Avé Maria, une fellation. Ou comment planter le décor, hum, de la série dont tout le monde parle en ce moment grâce aux joies du téléchargement. A juste titre, tant Californication est politiquement incorrecte, drôle, crue, vache, sexy et brillamment écrite. Au sommet de ce nouveau vertige cathodique trône David « Agent Fox Mulder » Duchovny. Rangé des soucoupes depuis la fin (interminable) de la série X-Files, l’acteur se réinvente enfin via le personnage misanthrope, queutard et cynique de Hank Moody, un écrivain en panne d’inspiration. Mais pas de sens, attendu que ce bon Hank n’aime rien tant que passer ses journées à fumer comme un pompier, boire comme un trou, baiser tout ce que bouge, pas forcément dans cet ordre. Parfois, entre deux cuites et une partie de jambes en l’air, Hank se rappelle qu’il a un agent et la mère de sa fille sur le dos, Karen, désireuse de le voir revenir sur le droit chemin — et arrêter celui de croix. Mais Hank a aussi le chic pour mettre sa bite au mauvais moment et au mauvais endroit ; ainsi de son coït avec Mia, seize ans, la bombesque fille du futur époux de Karen, qui ne sera pas sans conséquences… Les blasés des séries TV qui pensaient en avoir fait le tour en termes d’audace réviseront rapidement leur jugement, Californication emporte tout sur son passage, dont notre adhésion.
Henri Seard