Au printemps, les filles sont en fleur, les garçons en boutons, et la musique, elle, s’écoute et se joue au festival du Printemps de Bourges. Au cœur de l’hiver marseillais, ils sont sept groupes à être présélectionnés, dont un seul représentera la région PACA. La rédaction a fait son choix : notre coup de cœur s’appelle Ing.
Au départ, il y a un disque. Posée sur notre bureau, sa pochette interpelle : un dessin presque abstrait d’une chevelure se déploie pour nous dévoiler les titres des morceaux. Subtilité japonisante, astuce visuelle, on navigue à première vue dans des eaux aussi troubles qu’attirantes. La première écoute perpétue ce sentiment, le son est dense mais aéré, les textes font sens, et surtout il nous est conté là une histoire : cette musique raconte réellement quelque chose. A la bonne surprise initiale s’ajoute une drôle d’interrogation : de quels artistes ou de quel mouvement peut-on rapprocher ce groupe marseillais ? L’esprit analogique du journaliste besogneux trouve ici très vite ses limites : ce disque n’en évoque aucun autre et cette trouvaille nous comble ! On réécoute donc plus précisément l’ensemble, ce collage heureux de rythmiques jazz ou électroniques, d’extraits sonores radio ou télé, de paroles et de chœurs qui dessinent, chose très rare, une proposition musicale cohérente. Si le disque nous a plu, que dire de la scène ? Leur concert de rentrée au Poste à Galène a offert à leurs récits, souvent frileusement rangés dans la catégorie « chanson française », une dimension physique, presque rock’n’roll, qui continue d’alimenter les discussions des heureux auditeurs présents. Ce groupe, qui existe sous sa forme actuelle depuis deux ans seulement, fait preuve d’une maîtrise et d’une aisance si rares que le terme de « révélation » en devient presque un euphémisme. Si, comme nous, les tacherons de la plume et autres chansonneurs laborieux vous lassent, si l’électronique vous agace parfois et qu’en fait de belles boucles vous préférez passer votre main dans la chevelure d’une amie chérie plutôt que de subir l’assaut de rythmiques sans âmes, le concert de samedi risque d’être pour vous bien plus qu’une agréable révélation. Rendez-vous donc samedi soir à l’Affranchi pour un concert gratuit où Ing, ainsi que trois autres groupes régionaux présélectionnés par l’UDCM, sera à l’affiche. Si l’originalité constitue un critère de choix pour représenter notre région au prochain Printemps de Bourges, nous tenons là le candidat idéal.
nas/im
www.myspace.com/ingcontact
Ing + Chinese Man + Technicolor Hobo + Rimbaud, le samedi 8 à l’Affranchi, 21h, gratuit (invitations à retirer à la FNAC ou à l’Affranchi)
Rens. UDCM : 04 91 89 62 38