Le grand détournement

Au Studio Fotokino, l’exposition Nature nomade du touche-à-tout Isidro Ferrer est traversée d’une délicieuse poésie enfantine.

Outre une collection de six sérigraphies accueillant le public, la dimension naïve des œuvres d’Isidro Ferrer peut emporter quiconque s’en approche. Parmi les éléments exposés, ses assemblages truffés entre autres de tout petits morceaux de bois naturel ou peint s’adressent naturellement aux petits. Mais interroger les adultes apporte une coloration complémentaire. Isidro Ferrer semble en effet parvenir à chatouiller la part d’enfance conservée en chaque adulte.
Idem pour ses figurines en bois sobrement imaginatives. Là encore, elles sont assemblées sous des formes de presque rien transformé en (presque) joyaux sensibles. On croit ainsi pouvoir repérer ce qui serait un morceau de toupie, un haut de chaise et/ou d’ancien vaisselier campagnard. A moins que ce soit un pied de vieux lit robuste délicieusement régénéré par les mains agiles de l’artiste ?
Ancien homme de théâtre reconverti en « poète de l’image », le touche-à-tout Isidro Ferrer est un magicien. Quelle qu’en soit la nature, chacune de ses créations dégage une évidente humanité. Un mot galvaudé certes, mais qui revêt ici une dimension poétique.

Valentin Lagares

Isidro Ferrer – Nature nomade : jusqu’au 24/11 au Studio Fotokino (33, allées Léon Gambetta, 1^er).
Rens. 09 81 65 26 44 / http://fotokino.org/Isidro-Ferrer / www.mp2013.fr

A lire en guise d’excellent complément de l’exposition : Le Livre des questions de Pablo Neruda, illustré par Isidro Ferrer (éditions Gallimard Jeunesse, 21 €)