Constatant que les jeunes femmes représentent la population carcérale qui augmente le plus rapidement aux Etats-Unis, les réalisateurs Silverbush et Skolnik, tous deux issus du documentaire, mettent en exergue ce phénomène inquiétant à travers le destin croisé de trois adolescentes à Jersey City, banlieue de New York…(lire la suite)
Un monde sans pitié
Constatant que les jeunes femmes représentent la population carcérale qui augmente le plus rapidement aux Etats-Unis, les réalisateurs Silverbush et Skolnik, tous deux issus du documentaire, mettent en exergue ce phénomène inquiétant à travers le destin croisé de trois adolescentes à Jersey City, banlieue de New York.
Soucieux d’approcher autant que possible la réalité, ils commencent par développer un atelier d’écriture dans un centre de détention juvénile, puis effectuent la majorité du casting au cœur même du ghetto, tout en confiant les trois rôles principaux à de jeunes comédiennes. L’histoire s’articule donc autour de Marisol, la fille-mère junky, d’Oz, la dealeuse « clean » et de Suzette, qui tombe amoureuse d’un caïd local. La drogue, la misère sociale et les hommes, c’est en quelque sorte le cocktail explosif qui fait basculer ces jeunes femmes dans la délinquance. Tourné en numérique en un peu plus de trois semaines, le film s’avère malheureusement plutôt décevant, d’une part en comparaison des intentions louables de ses auteurs, mais surtout en référence à ce qui existe déjà. Face à ces mouvements de caméra approximatifs et à ce montage alterné poussif, ponctués de petits clips musicaux pénibles, on ne peut en effet s’empêcher de penser avec nostalgie à l’énergie qui se dégageait des premiers Spike Lee ou à ce sentiment de malaise que provoquait habilement Larry Clark dans Kids. On se prend à rêver et on imagine ce qu’un Fernando Meirelles, réalisateur du déjà culte La cité de Dieu, sur un thème relativement proche, aurait pu tirer du sujet.
A vouloir dénoncer à tout prix la faillite d’une société, les deux auteurs en deviennent trop démonstratifs et ce plaidoyer n’échappe pas totalement à la caricature, malgré l’implication et le talent de ses trois jeunes actrices.
Bertrand Epitalon