Marion Navarro et Quentin Perrichon

Zoom sur… l’ESADMM (Ecole Supérieure d’Art et de Design Marseille Méditerranée)

L’artprentissage

 

L’Ecole Supérieure d’Art & de Design Marseille-Méditerranée — l’ESADMM pour les intimes —  rayonne hors de son écrin de Luminy : des rencontres désormais mensuelles et ouvertes à tous, une programmation riche d’événements polymorphes, et un bilan très positif concernant le tournant amorcé depuis début 2012, date du changement de statut de l’établissement.

 

Anna Dezeuze, enseignante en histoire de l’art, en charge des forums et conférences avec Jean-Claude Ruggirello, trace les sillons de rendez-vous réguliers avec des personnalités au cœur de la Friche. Ce cycle de réflexion théorique (« Le geste et la parole : art, outil, corps ») que chacun peut partager a démarré fin octobre. Avec succès, l’artiste Daniel Dezeuze a questionné les relations entre technique, corps et langage. Céleste Boursier-Mougenot prendra à son tour la main le 28 novembre.
Ces temps forts s’inscrivent dans un souci de polarité, d’articulation et de croisements. Les Ateliers de Recherche et Création (ARC) communs aux options Design et Art, ainsi que des workshops viennent creuser l’approche transversale autour d’un projet, sur plusieurs années, intitulé « La parole ancrée ». Ainsi, l’Italienne Mariateresa Sartori s’attellera prochainement à transcrire l’éphémère des flux intangibles par le biais d’enregistrements sensoriels à explorer…
D’autre part, les ateliers publics d’arts plastiques et d’histoire de l’art pour jeunes amateurs et adultes se voient répartis en cinq pôles de la cité, accessibles géographiquement et par leurs tarifs.
Le Directeur artistique et pédagogique Jean-Louis Connan souligne qu’en plus des quarante-cinq professeurs de haut niveau et de la quinzaine d’assistants, le passage de Régie municipale à un Etablissement Public de Coopération Culturelle (ou EPCC, sous l’égide de la ville et du ministère de la Culture) a permis davantage d’autonomie et un développement plus structuré. Notamment une mise en œuvre des dimensions essentielles grâce à de nouveaux services et à une communication accrue : une insertion professionnelle en lien avec les anciens étudiants et un enseignement au parcours lisible comprenant une évaluation fine par la communauté scientifique. Un prochain rapprochement avec les universités en région va favoriser l’échange avec d’autres disciplines.
En bref, une politique engagée vers une montée en puissance, une progression d’ouverture au grand public et le désir d’être un catalyseur de l’art actuel : en atteste ce partenariat avec la Friche Belle de Mai, mais également le lien avec des structures déjà actives sur le territoire telles que le FRAC, Documents d’artistes, Triangle, Astérides, Sextant et plus… Sans oublier la Galerie MAD située en centre-ville, intégrée au réseau Marseille Expos.
Quant à l’amplification internationale, tandis que cent étudiants arrivent chaque année d’autres contrées, l’ESADMM a passé convention avec plus de cinquante écoles (Berlin, Londres…) et lieux étrangers dans le contexte d’une « mondiartisation » dont les passerelles de mobilité se multiplient.
Ici, la lutte contre l’idée que le plasticien n’est qu’un rêveur fainéant trouve son arme via la professionnalisation : stages obligatoires très variés, suivi pendant trois ans après l’obtention des diplômes avec activation d’un solide réseau. A noter, l’ouverture d’une classe préparatoire aux concours d’écoles d’art ainsi que l’accès sur dossier aux personnes sans BAC. L’occasion de tordre le cou au préjugé fortement entêté dans les consciences : 80 % des élèves d’écoles d’art trouveraient du travail !
Mais « qu’est-ce que l’école a à dire au milieu de l’art ? » Les enjeux d’adaptation et d’implication se rejoignent : « L’école, c’est là qu’on devient artiste… mais c’est aussi un terrain d’utopie aujourd’hui, à la différence des dystopies qui hantent nos imaginaires à l’ère actuelle. »

Marika Nanquette

ESADMM : 184 avenue de Luminy, 9e.
Rens. : 04 91 82 83 10 / http://esadmm.fr

Prochains rendez-vous :

  • Présentation de la publication Muet (premier cahier de collection / dessins en noir et blanc) : le 21/11 au FRAC PACA (20 boulevard de Dunkerque, 2e), dans le cadre de la Nocturne.
    Rens. 04 91 91 27 55 / fracpaca.org

  • Journée du Réseau des Ecoles Supérieures d’Art de PACA et Monaco : le 29/11 à la Villa Méditerranée (Esplanade du J4, 2e).
    Rens. : 04 95 09 42 52 / villa-mediterranee.org