Bonnes impressions

Cinq ans déjà que Marseille compte en ses rangs l’un des ateliers d’impression sérigraphique les plus chevronnés : à la pointe d’un savoir faire exigeant, Tchikebe s’est imposé dans les petits milieux de l’édition et de l’art contemporain. Ici et ailleurs.

« Les Tchikebe » (« Sérigraphie » en wolof), comme on les appelle souvent, ce sont Olivier et Julien, deux frères réunis pour le meilleur et pour le meilleur sous le toit pentu de leur atelier spécialisé « dans l’édition et l’impression d’œuvres d’art en sérigraphie,
les tirages numériques et l’encadrement sur mesure. » L’histoire commence en 2009 : Julien rentre alors de Berlin où il avait monté un atelier de sérigraphie ouvert tandis qu’Olivier est de retour de Martinique. Ils ouvrent leur premier espace rue du Coq, au sein de la Designothèque, puis agrandissent leur espace rue de la Bibliothèque, pour enfin investir une partie des 800 m² qu’ils partagent depuis un an avec l’Atelier Ni. Atelier de production de volumes au rez-de-chaussée et atelier de sérigraphie au premier étage, le 34 boulevard National est devenu depuis janvier 2014 un véritable spot de production artistique pour les artistes plasticiens à la recherche d’une assistance pour la réalisation d’un projet. Les « Ni » et les Tchikebe proposent leurs conseils, leur savoir-faire et leur équipement… et quel équipement ! Si la sérigraphie reste son premier champ de compétences, l’atelier se diversifie aujourd’hui dans l’encadrement, répondant ainsi à une forte demande, et au tirage photographique, faisant en sorte de devenir un véritable pôle de référence pour des artistes locaux et nationaux.
Pour ce nouveau départ, Olivier et Julien ont tout misé sur les machines. Elles leur garantissent une capacité de travail dont peu d’ateliers disposent aujourd’hui en France. Un atout qui les propulse parmi les grands noms de l’impression et de l’édition d’œuvres d’art avec Arcay, Linard et Buyse. Cet équipement leur octroie les moyens d’entrer dans une expérimentation autour de la sérigraphie qu’ils évitent de travailler dans le sens classique du terme, pour en explorer les possibilités comme un médium en soi. Il ne s’agit donc pas ici de reproduire des images, mais d’utiliser tout ce que cette technique d’impression peut offrir en termes plastiques, de jouer avec ses supports, ses encres, d’en trouver de nouvelles qui font sens. En témoigne le projet mené avec Gasc Démolition sur la série Bouquet final, images d’immeubles réalisées avec la poudre des gravats recueillie sur les décombres de ces mêmes immeubles photographiés par Anne-Valérie Gasc. La poudre remplace ici l’encre sérigraphique, créant un rapport tautologique entre l’image et la matière.
C’est cette approche expérimentale qui amène chez Tchikebe des plasticiens, soit par le biais de la commande, soit sous forme de carte blanche. Ces accointances avec l’art contemporain étaient la condition sine qua none du projet d’atelier. « Pas de sérigraphie à la papa », explique Julien. Il s’agit d’être partie prenante de la création contemporaine et d’amener la sérigraphie vers des sphères actuelles et expérimentales, comme il la pratiquait lui-même pendant son cursus aux Beaux-Arts. Pour appartenir pleinement au réseau de l’art contemporain, les Tchikebe sont présents sur les foires — à la Young International Artists, prochainement à la SOON et au Christmas Art Market aux Galeries Lafayette, avec des œuvres de Mothi Limbu — où l’on peut acheter leurs éditions entre 100 € et 1000 € pour les multiples. Œuvres que l’on peut aussi acquérir directement dans leur atelier ou en ligne : une œuvre d’art numérotée demeure une œuvre d’art mais à des coûts moindres. En cette période, pensez-y !

Céline Ghisleri

Editions récentes : jusqu’au 27/11 à l’Atelier Tchikebe (34 boulevard National, 1^er).
Rens : 09 84 12 52 18 / www.tchikebe.com

Christmas Art Market : du 21/11 au 20/12 aux Galeries Lafayette Saint-Ferréol.
Rens. www.marseilleexpos.com

La Designothèque : 04 84 26 73 92 / www.designotheque.org