Gaffer
J’ai déjà eu l’occasion de dire ici même combien les anglophones commençaient à me courir avec leur manie de faire les malins en linguistique, genre « vous-m’avez-vu-avec-mes-jolis-adverbes ». Ne vous fiez donc pas au « gaffer », véritable piège tendu au bilinguisme triomphant dans le seul et unique but de ridiculiser la voix de la France sur la scène internationale — comme si Raffarin n’avait pas suffi. Car le gaffer n’a pas grand chose à voir avec un individu sympathique chargé d’égayer un peu l’atmosphère (délétère) qui règne (toujours) sur un tournage (américain), ni même avec le ruban adhésif noir du même nom qui permet de joindre les deux bouts sur un plateau. Non, jeune lecteur naïf, le gaffer, ce suppôt de Satan, n’est rien d’autre que le « chef électricien ». Comme si « boss of the courant » ne convenait pas ? Pour couronner le tout, figurez-vous qu’il n’est pas accompagné d’une féminine « gaffeuse » et ne travaille jamais avec un « assistant of the gaffe ». Cet être à la sexualité douteuse se ballade en compagnie du « best boy grip »… Rassurons-nous quand même, tout comme il existe une justice transcendante, il faut bien une chute à cette chronique : et le seul gaffer célèbre est franco-belge : il s’appelle Gaston. CQFD.
Romain Carlioz