Tapage nocturne – Q-Bert

Petit retour en arrière, nous sommes le 7 avril 2007. Aux platines du Cabaret Aléatoire ce soir-là : Q-Bert. Il entre en scène, salue timidement le public, puis lance son premier disque. Les yeux rivés sur ses outils, Q-Bert travaille : mix, scratch, passe-passe ⁽¹⁾, toute la panoplie des techniques hip-hop défile sous nos yeux à une vitesse sidérante. Pourtant, quelque chose ne fonctionne pas. Le public ne réagit que par à-coups, personne ne danse. Q-Bert, imperturbable, continue à torturer ses vinyles. On a l’impression d’être coupés de la scène, ou plutôt que la scène est coupée de nous. Nulle trace de communication, de partage, de fête. Le musicien joue, nous écoutons et regardons. Entre nous, rien ne passe. Les seuls qui semblent alors prendre du plaisir sont les apprentis dj’s, nombreux ce soir-là. Trop technique, trop dénuée de groove et d’émotion, la musique jouée par Q-Bert ne parle qu’aux musiciens, et l’on est plus proche de la démonstration que de la communion. On faisait, il y a vingt ans, les mêmes reproches à Steve Vaï et Jo Satriani : ils ne jouaient de la guitare que pour les guitaristes. Vous trouverez peut-être ces quelques lignes un peu dures envers celui qui demeure l’un des plus grands virtuoses de la planète scratch, l’un de ceux qui, au même titre que Théodore ou Flash, ont fait de la platine autre chose qu’un simple instrument de lecture, mais elles sont à la hauteur de notre déception. Un an après, Q-Bert revient au Cabaret Aléatoire. Que faut-il en attendre ? Certainement que le Dj californien n’a pas, en l’espace d’une année, gommé ses travers et appréhendé la scène d’une manière entièrement nouvelle, mais on espère qu’il nous proposera cette fois-ci, plus qu’un nouveau set, de simplement partager avec lui un beau moment musical et festif. La musique est un plaisir, les platines sont un jeu. On espère vivement que Q-Bert ne jouera pas tout seul lundi prochain.

nas/im

Le 10 au Cabaret Aléatoire, 20h30. Rens : 04 95 04 95 09

1. utilisation de deux exemplaires d’un même disque afin de créer une boucle rythmique[↩]