D’affolement en réflexion posée, le problème reste devant nous. Le Pen gagnait jusqu’à présent les esprits. Elle gagne désormais du terrain. L’implantation sur tout le territoire d’élus dans les conseils départementaux, riches de budgets publics importants, est acquise. Chacune de ces institutions verra ses politiques locales tachées de brun, si ce n’est imposées par ses exécutants. Le Front national avance ses pions, et la partie ne fait que continuer. Les échecs sont à compter de notre côté du plateau. La gauche française est une passoire incapable de retenir les idées et les électeurs. L’abstention reste le bulletin de choix, et rien ne semble permettre de retrouver la confiance dans la mise en pratique de politiques progressistes. Marine Le Pen promet la bagarre avec tout et n’importe quoi, et en particulier avec les boucs émissaires qu’elle a désignés. Les citoyens acceptent depuis longtemps les larmes, ils réclament maintenant du sang. Et comptent sur la Marine pour le faire couler. Cette montée en tension, les gouvernants semblent vouloir la juguler par une nouvelle formule, le tripartisme. Donner un statut aux soutiens du Front national pourrait les voir accepter le jeu démocratique. Pourtant, ce parti ne fonde pas son mouvement sur cette base commune. Ses valeurs primaires de « préférence nationale » sont une offense à la devise républicaine liberté, égalité, fraternité. Les données de notre temps relient intimement capitalisme et dérèglement climatique. La course est lancée entre les militants d’un autre monde, contre un régime en place de pouvoir, de production de richesses et de captation de la démocratie, et ceux qui entendent le laisser tel quel, mais à leur profit et pour notre perte à tous. Le Pen est de ceux-là. Courons, mais ne fuyons pas. Notre génération en portera la responsabilité.
Victor Léo