Fresque réalisée par Miroslav Sekulic-Struja

Les Rencontres du 9e Art

Les grands dess(e)ins

 

Douze ans déjà que les Rencontres du 9e Art mettent à l’honneur les différentes formes de la bande dessinée, s’érigeant, en termes d’affluence, comme la deuxième manifestation dédiée au genre en France après Angoulême — excusez du peu…

 

Inutile d’y aller par quatre chemins : le point qui fera d’abord parler de cette nouvelle édition, c’est le partenariat avec le mensuel Fluide Glacial, à l’occasion des quarante ans de la revue d’Umour et Bandessinées. Pour éviter les écueils de la crise de la quarantaine, un numéro hors-série sortira tout spécialement : les pages qui le constitueront seront exposées en trois dimensions à la Cité du Livre et les planches s’ajouteront progressivement, formant une scénographie évolutive qui se terminera le jour du bouclage dudit numéro, en direct d’Aix.
Même s’il s’agira là du second passage du magazine dans la manifestation aixoise (le premier s’était fait à l’occasion de ses trente ans, soit à l’époque où les Rencontres faisaient encore leurs premiers pas), il est plutôt rare que des auteurs et dessinateurs aussi reconnus participent à l’événement. D’ordinaire, le credo des Rencontres consiste plutôt à offrir une vitrine sur une création peu connue en France, qu’il s’agisse d’auteurs tombés en désuétude, encore émergents ou dont la notoriété n’a pas encore atteint la sphère hexagonale. Dont acte cette année encore grâce aux diverses expositions disséminées dans la ville. A commencer par la (re)découverte de l’univers du Gus Bofa, notamment son interprétation de l’essai d’humour noir de Thomas de Quincey, De l’assassinat considéré comme un des beaux-arts. Cette œuvre de l’entre-deux guerres n’est pas une bande dessinée à proprement parler, mais le trait léger et stylisé, très moderne pour l’époque, n’aura de cesse d’inspirer des auteurs résolument contemporains (Tardi, Blutch, Jean-Yves Ferri…). Au niveau des talents étrangers, saluons le grinçant Steve Michiels et ses portraits absurdes et surréalistes de la société flamande, le faussement gentillet Joan Cornellà et ses personnages à l’esthétique pop art, toujours souriants mais aux (més)aventures complètement trashs, ou encore le déjanté Henning Wagenbreth.
Ce sera aussi l’occasion de découvrir des talents de la région, comme le Marseillais Thomas Azuélos et son travail sur le génocide arménien, ou Jean-Marc Pontier, dont on se souvient du témoignage émouvant des écueils administratifs rencontrés lors des démarches par un ami pour l’adoption de Jean-Eudes, petit garçon burkinabé.
A découvrir également, l’univers singulier, difforme et torturé du Croate Miroslav Sekulic-Struja par le biais de deux expositions. La première offre une présentation globale de son travail, tandis que l’autre, plus tardive, est le fruit de sa résidence dans le quartier du Jas de Bouffan à Aix, où l’artiste a eu l’occasion d’enrichir son vocabulaire plastique par l’emprunt d’éléments piochés dans l’environnement.
Voici donc des expositions (ainsi qu’une petite dizaine d’autres, tout aussi novatrices) que l’on espère fournies et aussi riches que les différents univers des artistes réunis. Car c’est bien ce que l’on apprécie dans cette manifestation ambitieuse : nous faire entrevoir quels visages étonnants peut prendre la création graphique de demain.

 Estelle Wierzbicki

 

Les Rencontres du 9e Art : expositions jusqu’au 23/05 à Aix-en-Provence et week-end BD du 10 au 12/04 à la Cité du Livre (8/10 rue des Allumettes).
Rens. : 04 42 16 11 61 / www.bd-aix.com

La programmation complète des Rencontres du 9e Art ici