Alice au Pays des Merveilles au Badaboum Théâtre
Un joyeux non anniversaire
Dans un an jour pour jour, le Badaboum Théâtre fêtera ses vingt-cinq printemps. Un quart de siècle d’inventions et d’expériences, partagées avec malice, passion et générosité entre petits et grands enfants.
L’histoire commence en 1990. Laurence Janner quitte ses consœurs comédiennes Suzanne Joubert (Bernardines) et Noëlle Casta (Athanor Théâtre), avec qui elle avait créé une compagnie de théâtre jeune public, pour fonder ce qui deviendra son royaume. Les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages, c’est dans une petite impasse du quai de Rive Neuve, à deux pas de la Criée, que se met à battre le cœur du Badaboum.
Dès ses débuts, le lieu, très médiatisé, fait événement. Théâtre, école de théâtre et école du spectateur, le projet irradie de ses rayons chaleureux public et artistes, en abritant échanges et réflexions autour de la représentation jeune public. Très inspirée par la qualité de l’écoute des jeunes spectateurs, les sensibilités multiples qu’ils lui renvoient et les interactions en puissance, Laurence conçoit, création après création, un voyage au pays de l’imagination, au moyen de tous les langages, très réels, du théâtre. Fédérant autour d’elle comédiens, metteurs en scène et plasticiens, eux-aussi attirés par ce défi fascinant et absolu de plaire aux enfants tout en éduquant leur regard, la metteure en scène s’est composé une belle et grande famille théâtrale, qui rassemble aujourd’hui une cinquantaine d’intermittents.
Son intelligence très maternelle et l’audace de ses intuitions ont fait éclore des dizaines et des dizaines de création disparates dans leur style, partageant toutes une exigence artistique peu commune. Dans le grimoire du répertoire du Badaboum, on trouve des contes d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Du (Presque) Petit Chaperon Rouge à la Poupée Scoubidou de Pierre Gripari, en passant par Les Habits Neufs de l’Empereur, Le Petit Sapin ou encore Le Roi Grenouille, les récits se réinventent et les personnages et acteurs ouvrent les portes d’un imaginaire onirique et drôle, où originalité et astuce sont convoquées. Ce qui fait la force de ces propositions, c’est qu’elles ne sont pas cantonnées à du théâtre acidulé pour distraire les gamins, non, bien au contraire, elles s’appuient sur leur curiosité accrue, leurs regards avides de rêves, pour explorer les contrées de la création artistique. Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des adultes sans enfant traverser le rideau noir de la petite salle du Vieux-Port et s’installer dans les gradins pour se laisser raconter des histoires. La perception résidant dans l’oreille de celui qui écoute, les pièces jouées ici sont lisibles à différents niveaux de lecture.
Alice, actuellement à l’affiche, le prouve bien. Son esthétique épurée et sa mise en scène très contemporaine font de cette adaptation du roman d’initiation une œuvre théâtrale magnétique. Dans un écrin blanc, où la vidéo fréquente une musique mystérieuse et envoûtante, Alice Liddell de son nom complet, converse avec Lewis Caroll, l’ami de la famille qui va l’immortaliser. Les ombres et les illusions visuelles jouent avec la perception et le fantastique suggéré tombe dans le merveilleux.
Nul besoin de tapis volant ou de champignons magiques pour s’évader vers des contrées lointaines ou fabuleuses, il suffit juste de pousser la porte enchantée et intemporelle du Badaboum Théâtre.
Barbara Chossis
Alice au Pays des Merveilles : du 25/03 au 4/04 au Badaboum Théâtre (16 Quai de Rive-Neuve, 7e).
Rens. : 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com