Bien à l’abri derrière nos frontières, notre nationalité et nos lois, avec pour seul mérite d’être nés du bon côté de la barrière, nous autres Européens comptons cyniquement les noyés venus de l’outre-monde. Celui que nous avons largement contribué à créer, sous la bannière étoilée des droits de l’homme. Par définition universaliste et égalitaire, cette litanie de mots s’efface devant la triste réalité. Nous ne respectons plus depuis longtemps ces principes fondateurs, que nous avons remplacés par la libre circulation des capitaux et des marchandises dans un espace construit pour eux. Les êtres humains, ceux-là, sont soumis aux ordres de leur patrie, travail et famille restant le seul horizon. Au-delà, méfiance, surveillance. Le désobéissant est au mieux un délinquant, au pire un terroriste. C’est sous cette ombre que le Président Hollande a placé le débat de la lutte contre le terrorisme. Ils ont bon dos, les frères Kouachi. Le projet de loi sur le renseignement rognant sur nos libertés fondamentales, c’est de leur faute. Les passeurs de la Mer Méditerranée, encore eux. Bientôt, le chômage de masse, la faim dans le monde et le dérèglement climatique viendront trouver le bouc émissaire de nos propres turpitudes. Le bal des faux-culs peut continuer. Danse avec moi, Angela, mais je paye pas à boire. Les moyens de sauvetage en mer ont été limités l’année dernière par l’Union européenne car aucun membre ne voulait aider l’Italie à assumer les secours. Ils annoncent un plan en dix points. Comme apprendre à nager en dix leçons. Ces hommes, femmes et enfants sont morts noyés dans la cale d’un bateau branlant qui a chaviré quand les malheureux se sont précipité du côté de ceux qui venaient à leur rencontre pour les sauver. Ils sont 22 000 depuis 2000 à périr en voulant mettre un pied en Europe. Le Pape les décrivait hier comme des frères en quête d’une vie meilleure, du bonheur, qui ont faim, sont persécutés, exploités ou victimes de la guerre. Un résumé criant de simplicité. Aussi limpide qu’un tract du parti communiste des années 70. Celui d’un programme commun.
Victor Léo