Des Arbres à abattre de Thomas Bernhard © Elisabeth Carecchio

Festival d’Avignon 2015

L’un dans l’Autre

 

La soixante-neuvième édition du festival d’Avignon se verra écourtée dans sa durée habituelle pour causes budgétaires. Quarante-sept propositions sur le thème de « Je suis l’autre » feront tout de même vibrer les planches officielles de la cité des Papes.

 

« Je suis l’autre » est le mantra pensé comme une évidence par le directeur Olivier Py pour guider cette édition. L’autre prenant ici la forme de l’étranger, de la femme (le fait que la femme soit encore pointée comme agent de l’altérité explique en partie pourquoi la programmation pèche autant au niveau de la parité), du voyageur, du proscrit, de l’oublié ou encore de soi-même.
Quarante-sept spectacles, parmi lesquels une grande place accordée aux auteurs vivants. Shakespeare revient cependant trois fois dans le programme : adaptation du Roi Lear dans la Cour d’honneur, mise en scène et traduite par Olivier Py ; Richard III, montée par Thomas Ostermeier et la Shaubühne de Berlin au sein de l’Opéra d’Avignon, transformé en réplique du Globe Theatre ; Antoine et Cléopâtre, déconstruite par Tiago Rodriguez. August Strindberg sera lui aussi présent à travers Andreas, premier acte du Chemin de Damas, rebaptisé par Jonathan Chatel. Le maître polonais Krystian Lupa agitera quant à lui pour la première fois le In d’Avignon avec Des Arbres à abattre de Thomas Bernhard.
Parmi les propositions plus neuves, on retient La Trilogie du revoir de Botho Strauss, mise en scène par Benjamin Porée, qui s’était fait positivement remarquer avec son Platonov au Théâtre de Vanves. Valère Novarina, artiste patenté du festival, fait un retour en fanfare verbeux avec Le Vivier des noms, pendant de son Drame de la vie, montré quelques trente ans plus tôt au même endroit. Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov livrera une adaptation lumineuse du film Les Idiots de Lars Von Trier.
La danse ne sera pas en reste : Angelin Preljocaj investira la cour d’honneur sur un texte de Laurent Mauvignier, Retour à Berratham, et les chorégraphes Emmanuelle Vo-Dinh, Fatou Cissé ou encore Hofesh Shechter (également présent au Festival de Marseille) seront aussi de la partie.
La République de Platon, traduite par Alain Badiou, sera égrenée, chapitre par chapitre, à la façon d’un « feuilleton philosophique » inédit, chaque jour à midi dans le jardin Ceccano, par des élèves-comédiens de l’ERAC et amateurs de tous bords, sous la houlette de Valérie Dréville, Didier Galas et Grégoire Ingold.
Quelques « indisciplinés » notables, qu’on ne saurait ranger dans aucune case : les neuf “Sujets à vifs” qui ponctueront le festival, les Israéliens de la Winter Family et leur création No World/FPLL, ou encore la pièce jeune public de Benjamin Verdonck, Notallwhowanderarelost.
En parallèle de cette myriade de spectacles, quatre expositions établiront aussi leurs quartiers à Avignon, dont celle de Guillaume Bresson (qui signe la couverture du programme), mêlant le lyrisme classique à une réalité quotidienne. Une autre sera consacrée à Patrice Chéreau, sa vie, son œuvre, ses influences. Les ateliers de la pensée, sur le site Louis Pasteur, offriront un espace d’échanges et de débats entre artistes et spectateurs.
Nouveauté cette année : le cinéma-vidéo qui diffusera non-stop des images d’archive, l’occasion de voir ou de revoir les spectacles de Pina Bausch par exemple…

Barbara Chossis et Olivier Puech

 

Festival d’Avignon : 4 au 25/07 à Avignon.
Rens. : 04 90 14 14 60 / www.festival-avignon.com

La programmation complète du Festival d’Avignon ici