Bonjour au langage
La quinzième édition du festival Images Contre Nature, porté par l’équipe passionnée de P’Silo, propose au Vidéodrome 2 un florilège de films expérimentaux dont l’essence sensorielle est de nous interroger sur notre rapport à l’image en mouvement.
L’image en mouvement ne souffre pas l’eau tiède. Face à une certaine standardisation des formes, il est devenu vital que le cinéma puisse s’interroger sur les mécanismes de son évolution. Et le cinéma expérimental, ou d’avant-garde pour certains, a de tout temps permis d’ouvrir les brèches de nouvelles voies visuelles et sonores largement pillées par la suite. Si aujourd’hui, les frontières narratives ont largement explosé, et la perception entre vidéo et pellicule s’est transformée, rares sont les chemins de traverse empruntés par les cinéastes ou vidéastes. Depuis quinze ans, l’équipe de P’Silo offre aux spectateurs l’espace nécessaire pour questionner les dimensions formelles de l’image en mouvement. La manifestation Images Contre Nature reste l’un des derniers bastions d’une certaine forme de quête de liberté. A l’instar des années précédentes, les sept programmes — espace, identité, long, mouvement, perception, sens et temps — permettent la découverte de vidéastes trop en marge dans un système vicié, mais dont la capacité de repenser le langage reste indéniable. Ces rencontres s’organisent par ailleurs dans une convivialité qui a fait la réputation du festival. L’équipe organisatrice investit pour ce quinzième rendez-vous le passionnant Vidéodrome 2 pour quatre jours de projections sémillantes, qui s’ouvriront sur les œuvres de Brigitte Sy et Paulie Toxica, et se clôtureront le 12 juillet sur les films de l’excellente structure 360° et même plus.
Emmanuel Vigne