Ça planche 221

Ça planche 221

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Le mari, et autres petits meurtres
_Création par la Cie Lily Briscoe

En grand observateur de la comédie humaine, Tchekhov met en scène les travers et les servitudes minuscules de la bourgeoisie de province. L’attente, la condition dont les personnages sont prisonniers apparaissent comme un terreau fertile à l’explosion des passions. Dans Le Mari, il observe l’effet de l’arrivée d’un régiment de cavalerie dans une petite ville de province. Un beau tumulte relate l’humiliation d’une servante employée par une riche famille, Un drame un meurtre sordide. A Noël décrit la douleur de parents moujiks, sans nouvelles de leur fille mariée. Après le théâtre, c’est une toute jeune fille qui se retrouve bouleversée après avoir assisté à une représentation. Cruelle et drôle, cette autopsie de l’ennui et du désir chez l’auteur russe transite toujours par une plongée au cœur du point de vue des personnages. Des nouvelles « jouées » dans tous les sens du terme, puisque Valérie Besançon a choisi d’accompagner le texte avec la musique. L’irruption de la contrebasse — tenue par Jean Bardy — répond au choix délibéré d’associer la rythmique du langage à celle de l’instrument. Une respiration propre à cette mise en scène.
_Du 15 au 19 au Théâtre de Lenche

Tatoueurs de rue
_Création par la Cie Trasphalt T. P
Se réapproprier l’espace urbain, à la fois espace de représentation et espace du public. A l’occasion de la sixième édition du festival Arts/Rue/Essais, Lieux publics Centre national de création et la Ville d’Aubagne s’associent pour proposer des répétitions publiques de spectacles de rue en cours de création. Avec Tatoueurs de rue, c’est l’espace physique de la ville que s’attribue Trasphalt : un travail plastique, sonore et théâtral. Un travail graphique, à l’aide de machines qui dessinent au sol à la gouache blanche ou colorée. Tatouer, c’est-à-dire tracer sur un macadam devenu support d’imaginaire en même temps que porteur d’une réalité que les artistes déjouent comme un rituel pour faire ressortir un piège à rêves. Ce sont, selon Jean-Louis Masson, directeur artistique, des « Travaux Poétiques pour l’Entretien des Voies de Communication avec l’Imaginaire. » Livrer aux spectateurs une empreinte de la cité qui n’est plus mystérieuse, puisqu’ils ont assisté à sa naissance. Toute la semaine précédant le spectacle, les artistes seront en répétition dans la ville.
_Le 18 à 19h et le19 à 16h à l’Esplanade Charles de Gaulle (Aubagne) dans le cadre de Arts/Rue/Essais

Wécré Théâtre
_Cie burkinabé
« Wécré » signifie en Moré — le dialecte le plus parlé au Burkina Faso — la clarté, l’ouverture. Créée il y a sept ans, parrainée par le cinéaste Guy Désiré Yaméogo, la compagnie porte un projet de développement et de sensibilisation. D’abord à travers tout le Burkina, puis en France où elle a entamé une tournée en 2007. S’attachant aux thèmes de la pauvreté et de l’immigration, du rapprochement entre les peuples et du partage des cultures, Wécré se fixe comme but le rapprochement par l’échange. Six comédiens livrent des créations allant du panel de contes courts (de trois à quinze minutes) aux sketches, en passant par l’adaptation scénique d’œuvres littéraires. Mais également des stages-ateliers, de danse contemporaine et traditionnelle, de contes, d’improvisation ou d’écriture théâtrale. Des expressions scéniques qui empruntent à l’actualité, posant un regard critique sur la situation économique et sociale du Burkina Faso, comme dans Le Visiteur, mais aussi à la tradition africaine du conte.
_Jusqu’au 26 dans divers lieux de la ville

Jacques Roubaud
_Lecture par l’auteur et le Théâtre du Petit Matin
Une lecture, c’est-à-dire donner à entendre les mots d’un autre, le texte nu, sans fioriture, sans mise en scène. Le Théâtre du Petit Matin propose ici la rencontre entre un auteur, un public et des comédiens. Jacques Roubaud lira une sélection de ses textes, les comédiens des extraits de Tokyo,infra-ordinaire. La démarche conjugue depuis plus de trente ans expérimentation et contraintes chez ce docteur en littérature française et en mathématiques, qui disait détester concours et examens. Mathématiques que Roubaud transforme en espace de liberté, inventant des règles d’écriture ludiques qui empruntent à la rigueur, aux théorèmes. Expérimentations poétiques, détournements, jeux de mots, contraintes lettristes marquent l’œuvre de ce membre de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), association littéraire d’écrivains comme Pérec ou Calvino, mais aussi de musiciens et mathématiciens. La contrainte vécue comme stimulus de l’imaginaire, revendiquée pour mieux la défier, la langue bousculée pour mieux la servir et s’en amuser.
_Les 11 & 12 au Théâtre du Petit Matin

BJ