Aire de jeux
Une fois encore, le festival international des arts multimédia Gamerz présente les œuvres de quarante artistes du numérique dont les travaux investissent l’univers du jeu vidéo. Au fil des expositions, c’est tout un panorama qui se dessine autour d’une notion mystérieuse : le Digital Homo Ludens.
Gamerz reflète bien l’émergence d’espaces où créativité artistique et envie de liberté se répondent. Pour sa onzième édition, le festival gravite autour de la question de la ludification de nos sociétés, des évolutions de nos modes de vie de plus en plus mêlés aux technologies numériques de pointes. Ces technologies digitales sont associées au domaine du jeu pour penser cette nouvelle espèce humaine que serait le Digital Homo Ludens (celui qui transforme ces technologies de masse en outils de création).
En effet, ces médias constituent des champs de recherches à investir et permettent l’avènement de nouveaux langages formels au sein des pratiques artistiques, transformant du même pas le statut de l’œuvre d’art. Les productions présentées prennent des formes inédites et explorent des interfaces qui mettent en jeu le corps humain. Les différentes œuvres exposées ouvrent à des réflexions sur la relation homme/machine (Link Human / Robot d’Emmanuelle Grangier), la virtualité (Blockbuster de Robin Moretti et Yohan Dumas), la technique (Trace II de Balint Bolygo), ou encore l’anthropocentrisme (Quand les hamsters régnaient sur la terre de Florent Deloison). Il s’agit de perturber les dispositifs de ces technologies pour mettre en lumière les problématiques en germe dans ces dernières. Le jeu vidéo est ici questionné en tant que média de masse et potentiel objet de pouvoir, par le biais de détournements et de réappropriations de ses mécanismes. Ainsi, les artistes infiltrent ces techniques de façon à prendre part activement aux questions éthiques et philosophiques qu’elles soulèvent.
Dépassant la seule dimension spectaculaire, ces installations portent des problématiques fondamentales au devenir de nos existences. Les expositions sont augmentées de rencontres et d’ateliers qui prolongent ces questionnements sous d’autres formes et permettent de participer à ces recherches au-delà du cadre des expositions. Sans oublier une soirée de clôture musicale et festive avec La Chasse, James P Honey et Poborsk, sous le haut patronnage de la Nébuleuse, collectif marseillais qui porte fort bien son nom et se définit lui-même comme « une sorte de queuleuleu de crevettes au pastis ».
Agathe Bastide
Gamerz : du 6 au 15/11 à Aix-en-Provence.
Rens. : 04 88 05 05 67 / www.festival-gamerz.com
Le programme complet du festival Gamerz ici