Temps fort des Rencontres d’Averroes au TNM La Criée
Amère Méditerranée
A l’occasion d’un temps fort plus que jamais d’actualité, les Rencontres d’Averroès s’interrogent sur le « rêve brisé » que constitue la Méditerranée — passée de carrefour de la coopération entre les peuples à vaste cimetière marin — et invitent des intellectuels de tous bords à « imaginer un avenir moins sombre ».
Le sujet « Méditerranée » est aussi vaste et intarissable que la mer elle-même, qui s’étale sur près de 2,5 millions de kilomètres carrés entre trois continents (l’Europe, l’Afrique et l’Asie). Il n’a de cesse d’alimenter les débats et les unes des journaux, d’autant plus depuis quelques années, avec l’espoir déçu des révolutions arabes, l’emprise croissante de Daesh sur le Moyen-Orient et l’afflux massif des réfugiés en provenance de Syrie ou d’Afrique. Et il est au cœur, depuis plus de vingt ans déjà, des Rencontres d’Averroès. Désormais conçue par France Culture, sous la houlette d’Emmanuel Laurentin (La Fabrique de l’Histoire), la manifestation entend, à travers quatre tables rondes, faire le point sur ce qui agite la Méditerranée aujourd’hui. D’abord en questionnant la volonté politique de l’Etat islamique de refonder un califat pour « faire correspondre des frontières avec une identité communautaire », comme l’affirme Julien Loiseau (directeur du Centre de recherches français à Jérusalem et membre junior de l’Institut universitaire de France). Ensuite en étudiant le « mythe méditerranéen », à savoir l’image véhiculée par la Mare Nostrum dans le reste du monde, puis plus particulièrement l’évolution contrastée de ses rapports avec l’Europe, vingt ans seulement après le Protocole de Barcelone qui entérinait les volontés d’échange entre le « Vieux Continent » et le Maghreb. Enfin en se penchant sur la douloureuse question des réfugiés. Un phénomène qui n’est « ni nouveau, ni une anomalie », comme le précise l’historienne Caroline Douki, spécialiste de l’histoire des migrations internationales aux XIXe et XXe siècles, mais qui, au vu de l’incessante litanie des drames humains ces dernières années, demande urgemment des réponses.
Pour accompagner et illustrer ces quatre temps de pensée(s), les Rencontres d’Averroès se sont associées aux Bancs Publics pour proposer deux pièces dans le cadre des Rencontres à l’Echelle : These shoes are made for walking de la chorégraphe Nancy Naous, autour du Printemps arabe, et 81 avenue Victor Hugo, théâtre documentaire « de l’urgence » autour d’un collectif d’immigrés d’Aubervilliers (présenté à la Friche). Un autre partenariat, avec le Cri du Port et le festival Jazz sur la Ville cette fois, pour un concert de Rita Marcotulli et Luciano Biondini, la venue inédite de Live Magazine en guise de before et l’enregistrement en public de l’émission « joueuse » de France Culture Des papous dans la tête viendront compléter une programmation riche et en prise avec l’actualité.
CC
Temps fort des Rencontres d’Averroes : du 12 au 15/11 au TNM La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e).
Rens. : 04 96 11 04 72/ www.rencontresaverroes.net
Le programme complet des Rencontres d’Averroes ici