Ça tourne à Hollywood

Ça tourne à Hollywood

Alors que les chaînes hertziennes US tentent de se relever après avoir été terrassées par la grève des scénaristes des séries télé, Ventilo fait un état des lieux post-conflit.

serie-lost.jpgS’il y a bien une série qui n’a pas été touchée de plein fouet par la grève, c’est bel et bien Lost. Programmée pour ne durer que seize épisodes, afin de redonner du punch au récit, la saison 4, finalement limitée à treize segments, a débuté en mars comme la précédente s’était conclue : à grands coups de flash-forwards intrigants et acclamée par les fans. Buzz de 2007, Heroes, bousculée par le conflit, a vu par la force des choses sa saison 2 passer de 24 à 11 épisodes, sous peine de perdre son étoffe. Si les cinq premiers épisodes autour des origines de Hiro sont anecdotiques, les six autres, conçus dans l’urgence par Tim Kring, ont fait des étincelles. A l’instar du nouveau personnage incarné par Kristen Bell (feu Veronica Mars) qu’on se languit de revoir dans le chapitre 3. Prévue, elle aussi, pour durer 22 épisodes, la saison 3 de Prison Break s’est fait limer le barreau au Panama, en en atteignant péniblement treize. Chiffre, semble-t-il, porte-bonheur, puisque le show a été reconduit, à la surprise générale. Attendu qu’il n’était pas question de donner une demi-journée à Jack Bauer pour sauver le monde, 24 heures chrono a simplement été annulée et repoussée à janvier 2009 — « tant mieux », disent les mauvaises langues échaudées par une saison 6 pas top. Enfin, tout va bien pour nos deux séries chéries, Docteur House et Desperate housewives, aux saison 4 éblouissantes. En tête des audiences après la diffusion d’une dizaine d’épisodes à l’automne, le médecin misanthrope et les viragos de Victoria Lane ont repris, mi-avril, leur fauteuil des shows les plus regardés — comme si la grève n’avait pas eu lieu, la classe. Pendant ce temps, alors que les « gros » (ABC, NBC, CBS et FOX) s’arrachaient les boutons de la télécommande pour composer avec la pénurie de nouveaux épisodes, les chaînes du câble — qui produisent des séries plus courtes, exemptes de pubs — ont continué leur petit bonhomme de chemin vertical. HBO a lancé deux nouveaux petits bijoux, Tell me you love me et In treatment, pendant que Doug Ellin terminait le tournage de la saison 5 d’Entourage, annoncée pour juin, tout comme la saison 3 de Big love et son traitement polygame. Du côté de Showtime, tout a été mis en œuvre pour que les pulsions morbides de Dexter (saison 3), la Californication (saison 2) de Hank Moody et la très bonne Weeds (saison 4) de Nancy Botwin reviennent nourrir l’appétence cathodique des téléspectateurs, entre juin et septembre. Même son de cloche du côté de FX, qui a bouclé la sixième levée de The shield et le second volet de Damages. Enfin, rappelons que ACM a raflé deux Golden Globe Awards pour ses Mad Men, au bout d’une (trop petite) saison. Ou comment la marge câblée a botté les fesses de la norme hertzienne. Telle est la morale de l’histoire.

Henri Seard