La Bonne âme du Se Tchouan et La Noce chez les petits bourgeois présenté à la Minoterie
Tonnerre de Brecht
Un hommage à Brecht sous forme de triptyque était présenté sur les planches de la Minoterie. Deux pièces emblématiques issues de l’œuvre de l’auteur allemand pour qui « le théâtre peut beaucoup là du moins où il y a suffisamment de vie. »
La Bonne âme du Se Tchouan met en scène une ancienne prostituée qui change de sexe en changeant de costume, tombe amoureuse et se démène avec le destin que lui a écrit Bertold Bretch. « A trop vouloir faire du bien aux autres, on finit par se faire mal soi-même » ou comment « trop bon, trop con » devient la comptine qui passe sur le tourne-disque de nos pensées tout au long de la pièce. La bonne âme vend du tabac : ça fume beaucoup sur le plateau, en passant par les neurones de cette bonne âme qui chauffent à force de chercher des solutions qui deviennent des problèmes. Du coup, pour les spectateurs fumeurs, les deux heures trente bien tassées de la pièce deviennent longues comme des blondes un dimanche férié sans briquet ni allumettes. Les fils tendus par la mise en scène tendent à se détendre un peu quand le silence n’offre pas d’écho convenable à l’intensité dramatique : une chanson ou deux seulement semblent (en toute subjectivité) être de trop. Le spectacle se veut généreux : le jeu tout en énergie de ces seize (!) acteurs sur scène sert la dimension tour à tour burlesque ou dramatique. En ces temps si rudes pour la culture, il est plaisant de voir un plateau chargé comme celui-ci. Après l’entracte, c’est La Noce chez les petits bourgeois : treize acteurs et trois musiciens, les mêmes que précédemment avec deux heures trente de spectacle dans les jambes. C’est drôle, décapant, original, haut en couleurs et en imbroglios corporels et sonores. On y voit Buster Keaton au milieu d’une famille mi-Addams mi-Simpson, une noce presque ordinaire, celle que tout le monde a pu connaître un jour, avec ses clichés et ses caricatures réussies. Une histoire de personnes qui veulent paraître mieux qu’elles ne sont, et qui restent finalement de simples… petits bourgeois. On souhaite vivement voir L’Opéra de Quat’sous monté par Haïm Menahem avec la même troupe pour clore ce triptyque Brechtien en Janvier 2009.
Texte : Raphaël Gimenez
Photo : Philippe Houssin
La Bonne âme du Se Tchouan et La Noce chez les petits bourgeois était présenté à la Minoterie jusqu’au 17 mai.