Hé ho, on part trois semaines en Ardèche pour lâcher un peu la machine et quand on revient, qu’est-ce qui se passe ? Tout le monde s’est barré ! Bowie, Galabru, Lemmy, Riri… On s’apprêtait à recevoir les vœux à la presse, puis envoyer les nôtres, quitte à prédire l’avenir. On s’était dit forcément que cette année ne pouvait pas être pire que la précédente, en attendant la suivante. A part un incident nucléaire à Cadarache rendant la vie dans le coin un peu hostile sans combinaison NBC, on partait confiant. Et puis la faucheuse a mis du cœur à l’ouvrage d’entrée. Peut-être qu’elle préférait prévenir le coup, et épargner aux meilleurs d’entre-nous le reste d’un calendrier miné. Elle a fauché large : musique, comédie, bonne chère. Elle n’a pas croisé un banquier ? Ils ne sont plus tout jeunes aux manettes ! On aurait pu remplacer un vieux con par un jeune, façon Macron, jaune devant, marron derrière. La vie est mal faite. Le paysage, dévasté. On dirait une vielle peinture hollandaise, style champ labouré, nu et vide, terrain lourd, horizon noir. Tandis que ces mots sont couchés, la météo annonce la neige pour cet après-midi dans les Bouches-du-Rhône. Météo d’hiver, me direz-vous. Non, acharnement ! Attendez : révision de la constitution pour y introduire l’état d’urgence permanent, le mot « terrorisme » et l’infâme déchéance de nationalité, loi pénale qui prévoit d’accroître l’Etat policier tandis que les CRS bombardent les réfugiés de la « jungle de Calais » de gaz lacrymo, Traité transatlantique que la Commission européenne est prête à boucler « sous l’administration Obama », température globale qui augmente encore (pas aujourd’hui, d’accord)… Les sujets ne manquent pas pour discuter de savoir si 2016 sera une année de merde ou une annus horribilis ! « A l’an que ven se sian pas mai, que siguen pas mens », dit un dicton provençal. A l’an qui vient, si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins. C’est mal parti. Et bonne année grand-mère.
Victor Léo