Le Festival Parallèle 2016
Un monde à géométrie variable
Belle affiche pour la sixième édition du Festival Parallèle, qui continue avec ferveur de tirer les fils invisibles qui nous relient les uns aux autres.
Le programme de cette année s’est tissé autour des projets des quatre artistes et compagnies accompagnés par Komm’n’act (Vasistas, Mathieu Ma Fille Foundation, Lenio Kaklea et l’Association Wagons Libres). Art visuel, photographie, cinéma, danse, théâtre jeune public, performance, déambulation se succèderont le temps de quatre journées et soirées de découverte. Des formes très différentes pour un théâtre pluriel témoignant de la complexité du monde, de la multiplicité des lectures et des perspectives, plutôt que de se figer dans l’immédiateté d’un message arrêté. Questionner le monde sans réponse, se frotter à l’autre, à la nouveauté, aux « fantômes » du présent et du passé… C’est le défi que Parallèle s’est chargé de relever. Perpétuant sa mission de circulation des artistes en région, le festival s’exporte ainsi le temps de deux soirées au théâtre d’Arles et sur la scène nationale de Cavaillon.
Margin Release de Lenio Kaklea
Lenio Kaklea s’intéresse à l’empreinte comme mécanisme de réversion ; elle libère des corps cachés, négatifs absurdes et grotesques, masques informes, souvenirs réprimés. Les moulages de visages et parties du corps inspirés des masques mortuaires confectionnés dans la Rome antique lui servent non à dissimuler mais à découvrir, à dévoiler ce qui se cache derrière. Margin Release invite de façon troublante les spectateurs à s’engouffrer dans l’intime et à observer à travers, à l’endroit ou à l’envers ces autres qui nous mettent face à l’être que nous sommes.
> le 27 au Théâtre des Bernardines
Speak ! de Sanja Mitrovic
Dénonçant les principes de manipulation par l’éloquence en matière de rhétorique politique, Sanja Mitrovic offre à entendre et voter entre elle et son partenaire/adversaire. Les discours, bien que difficilement identifiables, sont authentiques et appartiennent à John F. Kennedy, Winston Chruchill, Vaclav Havel, ou encore Saddam Hussein, Hitler et Slobodan Milosevic.
> le 27 au Théâtre du Gymnase
Symphony de Christer Lundahl et Martina Seitl
Pour cette performance déambulatoire immersive, les Suédois Christer Lundahl et Martina Seitl invitent les spectateurs dans une balade à l’aveugle à l’intérieur du FRAC. L’ouïe et le toucher par conséquent fortement mobilisés, cette visite peu orthodoxe où le virtuel prend peu à peu le pas sur la réalité, se transforme en quête pour la pièce maîtresse et manquante du musée : votre imagination.
> du 27 au 30 au FRAC PACA
En dépit de la distance qui nous Sépare par la Cie Mathieu Ma Fille Foundation
Béatitude, mysticisme, extase… Arnaud Saury le mécréant tente un rapprochement avec de grandes figures du mysticisme : Sainte Thérèse de Lisieux, Louise du Néant, Sainte Thérèse d’Avila, Daniel Paul Schreber… Les notes d’intention bourrées d’avertissements, c’est avec son humour décalé habituel et une pluridisciplinarité décomplexée que l’acteur et metteur en scène aborde la thématique, accompagné d’acolytes techniciens et danseur.
> le 28 au Théâtre Joliette-Minoterie
Wagons Libres par l’Association Wagons libres
Avec le souvenir comme outil de remise en jeu du présent, le corps de Sandra Iché devient un paysage oriental et européen. Cette fille n’arrête pas de nous mener dans un drôle de bateau ! Magnifique hommage à Samir Kassir, dont le magazine L’Orient Express n’avait de cesse de se battre contre « l’hypocrisie d’une reconstruction fondée sur l’amnésie », Sandra Iché a su trouver l’impertinence, l’humour et la poésie, pour raconter une histoire impossible : celle du Liban.
> le 28 au Théâtre Joliette-Minoterie
Sangs (Emata) par la Cie Vasistas
Première pièce de théâtre écrite par Efthymis Filippou (le scénariste à l’humour noir des films The Lobster, Alps et Canine de Yorgos Lanthimos), Sangs (Emata), mise en scène par Argyro Chioti, traite d’une hémorragie verbale et au sens propre. L’échange épistolaire entre deux amis, convoquant l’intime, se transforme en joute dans laquelle le plus drôle est ce qu’ils n’arrivent pas à exprimer. La forme antique et musicale détournée du chœur dépeint métaphoriquement des tableaux de la Grèce contemporaine.
> le 29 au Théâtre du Jeu de Paume (Aix)
Sous-titre de Jonas Chéreau et Madeleine Fournier
Pas besoin de sous-titres pour suivre, se faire gentiment bousculer par, s’abandonner enfin aux charmes spéculatifs des voix multiples qu’attisent Jonas Chéreau et Madeleine Fournier. Invocation hypnotique au mouvement, le désir se réveille, monte, déborde soudainement dans une déferlante de sons bruts, roques, traversés en filigrane par les étonnantes harmonies du musicien Elg. Reconfigurations folles de l’espace, glissements perpétuels et sauts capricieux nourrissent un rythme ludique où tout devient possible.
> le 29 au Théâtre des Bernardines
Stand-up Comédie de Bettina Atala
Étudiant les clichés des ingrédients du stand up pour mieux les déconstruire, Bettina Attala se dédouane pour son premier essai de devoir faire rire. Sous couvert expérimental, sa touche décalée la rend tout de même parfois drôle, et fait réfléchir les spectateurs sur ce genre très codifié de comique et les ficelles d’un sketch efficace.
> le 29 au Conservatoire National à Rayonnement Régional de Marseille
Barbara Chossis (avec Olivier Puech)
Festival Parallèle : jusqu’au 5/02 à Marseille, Aix-en-Provence, Arles et Cavaillon.
Rens. : 04 91 11 19 33 / www.festivalparallele.com
Le programme complet du Festival Parallèle ici