Au revoir parapluie au Théâtre du Gymnase
Pluie d’étoiles
« Magique, époustouflant, onirique, inventif, drôle, tout simplement merveilleux… » Les commentaires des spectateurs fusent sur les forums de théâtre à propos d’Au revoir parapluie, comme des élans du cœur qui ne manquent pas de mots pour qualifier une pièce pourtant sans paroles.
Née l’année dernière au Théâtre Vidy-Lausanne, Au revoir parapluie est la troisième création de la Compagnie du Hanneton, orchestrée par James Thiérrée depuis dix ans.
Le « gène » Chaplin est là : le petit-fils de Charlot se charge de la conception et de la mise en scène, la fille, Victoria Chaplin Thiérrée, des costumes.
Assemblage d’expressions alliant le théâtre, la danse, l’acrobatie, le mime et la musique, le travail de Thiérrée est empreint de l’univers circassien auquel il a toujours appartenu — il a fait ses débuts à l’âge de quatre ans dans le Cirque Bonjour monté par ses parents, Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thiérrée. Le résultat de ces fabrications de corps en mouvement — personnages, objets, décor — se retrouve dans une pièce qui ne suit pas d’histoire écrite, mais reste « ancrée dans cette simplicité propre au cirque, qui n’impose pas de thème… Il est vrai que j’aimerais apporter au public un sentiment d’histoire, à la manière d’une enquête, d’un puzzle. Mais je veux laisser au spectateur le soin d’assembler les morceaux, explique James Thiérrée. J’ai envie que le spectateur découvre cette histoire sans parole et qu’il puisse en ressentir la substance, l’alchimie, l’odeur, plutôt que la trame narrative. »
Les danseuses, les chanteuses, les acrobates et les comédiens sont la matière première de la pièce. Elle se crée « en regardant les artistes sur scène, en fabriquant les personnages à partir de la matière vivante des répétitions.» L’espace scénique est investi au sol et dans les airs par des objets en déplacement, mus par un souffle, déplacés par des personnages tantôt perchés sur un trapèze, accrochés les uns aux autres ou suspendus à des cordes qui dégoulinent en bouquets aériens. Au revoir parapluie cultive l’esthétique du déploiement spectaculaire, dans lequel se trame l’intime de l’imaginaire, de l’inconscient et du désir.
La force de la pièce réside peut-être en ce qu’elle se passe de mots : aucun sens n’est fixé, et ce qui surgit existe au-delà du langage commun, entre réel et imaginaire.
Texte : MB
Photo : Jean-Louis Fernandez
Au revoir parapluie, du 9 au 21 au Théâtre du Gymnase. Rens. 0 820 000 422.