La route des Roms
Dédié aux cultures tsiganes, Latcho Divano n’a qu’une idée en tête : « Questionner d’autres visages et d’autres parcours ». Une signature à laquelle s’attache depuis maintenant neuf ans le festival, mais qui ne l’empêche pas de renouveler ses approches.
Pour sa neuvième édition, Latcho Divano a placé les Roms au cœur du débat, posant un regard forcément différent de celui que renvoient les médias. Plus proche de la réalité, plus humain et surtout plus citoyen, autour d’une population devenue nomade à force d’ostracisme. Une population parmi la mosaïque des cultures tsiganes, fil conducteur du festival : « C’est un parti pris important, qui va marquer les festivals à venir », explique Nicolas Martin, l’un des fondateurs de l’événement. Les Roms ne sont plus des gens à part, mais des déracinés qui se voient refuser le statut de migrants. La projection du film La Maison, le violon et le sac Tati de Dominique Idir ne manquera d’ailleurs pas de le rappeler. Mais les cultures tsiganes embrassent une multitude d’autres peuples. Le festival s’ouvre ainsi par une soirée dédiée au flamenco, avec un tablao autour de la danseuse La Fabia et la projection du film Flamenco, Flamenco de Carlos Saura. Il accueille aussi le célèbre violoniste manouche Tcha Limberger, figure incontournable de la musique rom et tsigane, qui racontera sa passion à l’Alcazar, avant de se produire le lendemain avec son trio, Kalotaszeg, à la Cité de la Musique. Les cinémas Gyptis et Variétés ne seront quant à eux pas en reste, en programmant une série de films et documentaires, parmi lesquels le remarquable Aferim !, du réalisateur roumain Radu Jude, qui explore une part sombre et encore tabou de l’histoire de son pays.
Mais Latcho Divano, c’est aussi des expositions — à l’instar des photos de Stephanos Mangriotis autour de la frontière grecque, posées sur les murs des Variétés — et des stages : cuisine, danse, chant… Chaque approche est différente. Des conférences et des débats seront ainsi ouverts à tous, pour des histoires et des vécus qui se répondent. Et, pour la première fois, une rencontre littéraire permettra d’explorer la tradition orale imprégnant ces cultures et d’interroger la transmission d’une histoire afin de mieux comprendre notamment la place des Roms dans notre société. Sans oublier la quarante-cinquième édition de Romano Dives, la Journée internationale des Roms, chargée en perspective(s)…
L’année dernière, le festival avait reçu plus de 8 500 visiteurs et participants. Gageons qu’il fera mieux cette année et, surtout, qu’il permette à certaines idées reçues d’évoluer enfin.
Léa Soula
Festival Latcho Divano : du 26/03 au 9/04 à Marseille.
Rens. : 09 52 72 89 28 / 06 58 01 03 94 / www.latcho-divano.com
Le programme complet du festival Latcho Divano ici