A Aubagne, on fête l’arrivée du printemps par un mini-festival de danse, dont la qualité et l’esprit d’ouverture témoignent d’un certain dynamisme de la ville et de la danse contemporaine dans la région
A Aubagne, on fête l’arrivée du printemps par un mini-festival de danse, dont la qualité et l’esprit d’ouverture témoignent d’un certain dynamisme de la ville et de la danse contemporaine dans la région
Comme chaque mois d’avril, le théâtre Comœdia d’Aubagne consacre une longue semaine à la danse. Un large éventail de propositions dansées, riches et exigeantes, vient ainsi renforcer l’une des scènes les plus vivantes et intéressantes de la banlieue marseillaise. Une orientation aubagnaise vers la danse due en grande partie au dynamisme de professeurs — issus du milieu scolaire ou pas, qui multiplient activités pédagogiques, séances d’initiation, créations présentées devant divers publics et réflexions sur la danse — mais aussi à un tissu associatif très actif (Spect’acteurs). C’est souvent grâce à ces vecteurs que la curiosité et l’ouverture à la culture commencent… Tant et si bien que ce rendez-vous printanier, devenu incontournable au fil des années, s’est mué en véritable petit festival.
Huit compagnies investissent le théâtre et d’autres lieux aubagnais, chacune donnant à voir un univers particulier, une géométrie propre. Ex-Nihilo présentera son éternel et novateur Passants, en passe de devenir un classique, tant par sa noble simplicité que par son intelligence de l’espace. Reflets de notre urbanité, les danseurs écrivent avec leurs corps une fine étude sociologique teintée de poésie, rappelant la solitude, l’anonymat, la violence ou l’énergie qui émanent de la rue. La ville, le quartier, c’est là que Miguel Nosibor a aussi trouvé ses premières sources d’inspiration en se lançant à fond dans le hip-hop. Persévérant et curieux d’autres formes de mouvement, le chorégraphe aubagnais, très investi dans des activités pédagogiques, s’est révélé à la danse contemporaine avec la compagnie Le rêve de la soie. Les deux pièces qu’il présente se concentrent autour de l’individu, l’identité, et l’histoire de soi. Le langage chorégraphique adopté est celui du reflet, du rapport à l’autre et du voyage intérieur d’un danseur-chorégraphe dont la trajectoire transparaît dans des mouvements légers et profonds. Le voyage et la quête de soi sont aussi au centre d’Il faut partir de la compagnie Itinerrances, menée par la talentueuse et inventive Christine Fricker. Autour d’une cabane, trois danseurs explorent leurs origines par des gestes vifs, absurdes, et colorés. Cette dernière pièce de la chorégraphe marseillaise est une réflexion sur la mémoire autour du bassin méditerranéen. Au final, le thème de l’identité traverse ces trois œuvres qui interrogent. Michel Kéléminis s’est inscrit dans la même réflexion en proposant la semaine dernière ses Aphorismes géométriques, ou cinq portraits de femmes aux multiples facettes. Moments majestueux où danse et musique se répondent intimement à travers des danseuses inspirées. Quatre autres pièces, moins liées aux précédentes par leur thème (l’eau, le spectacle de rue, le flamenco et l’humour) insuffleront d’autres rythmes au sein d’un festival amené à devenir grand…
Eva D
Danse en avril. Jusqu’au 8 à Aubagne. Rens. 04 91 24 70 42