Beau geste, Hans Hartung, Peintre et Légionnaire à Aubagne
Tracés de vie
Jusqu’à fin août, Hans Hartung est à l’honneur dans la ville d’Aubagne. Une exposition en deux volets lui est consacrée entre le Centre d’art des Pénitents Noirs et le Musée de la Légion étrangère, ponctuée sur la durée par une série d’interventions artistiques (performances, lectures, concerts), histoire de (re)découvrir la vie et l’œuvre du peintre légionnaire.
Sur soixante-dix années de la carrière du peintre, c’est autour de deux périodes marquantes de sa vie que s’articule la double exposition : 1944, année de l’amputation de sa jambe droite, et 1989, date de sa disparition.
Au Musée de la Légion étrangère, l’accent est mis sur la période de 1939 à 1945, marquée par des engagements successifs de Hartung en tant que combattant du côté des alliés. S’y croisent des éléments de la recherche plastique de l’artiste, qui s’essaye au cubisme, au lettrage, au portrait et à l’abstraction. Des dessins, des peintures et des tracés à l’encre révèlent les balbutiements d’une œuvre suggestive, marquée par l’émotion et l’amour de l’informe. Dans cette période sombre de la carrière de l’artiste, le recours à l’art s’apparente à une conquête du sens. Des œuvres de petits formats regroupées dans une salle nous donnent à voir un espace qui est celui du laboratoire et du cabinet de curiosité.
A l’inverse, aux Pénitents Noirs, la sélection de quatorze œuvres réalisées par l’artiste quelques mois avant sa mort présente l’aboutissement de la quête de toute une vie. Les œuvres prennent toute leur ampleur sur les hautes cimaises blanches qui traversent de part en part l’ancienne chapelle. L’expérience s’y fait ici plus mystique. Le regard du visiteur plonge dans des tableaux abstraits de grandes dimensions aux accents lyriques, constitués de taches, de coulures et d’aplats de couleurs délicates. Réalisées selon une technique précise élaborée par l’artiste du fait de son handicap (aggravé par les signes de la vieillesse), les toiles, qu’il ne touche quasiment pas, ont su capter l’aura et l’énergie de son geste distancié et traduisent une palette d’émotions où la joie rejoint la tristesse, la volupté, l’austérité, et la vie, la mort. En comparaison avec la période sombre des années de guerre, ces dernières œuvres s’avèrent de véritables odes à la lumière.
Si l’exposition, pour laquelle les lieux et les œuvres se font écho dans un rapport évident, ne s’inscrit certes pas sous le signe de la surprise ou l’étonnement, elle a pour mérite un choix judicieux de pièces et, surtout, nous met en présence d’une réflexion sur l’art comme possible arme et remède face aux drames, au fatalisme, à la perte et à la peur de la mort.
Morgane Lagorce
Beau geste, Hans Hartung, Peintre et Légionnaire : jusqu’au 28/08 à Aubagne (Musée de la Légion étrangère et Chapelle des Pénitents Noirs).
Rens. : 04 42 08 85 90 / hans-hartung.legion-etrangere.com