Les Impromptus du Ballet d’Europe
L’Interview : Jean-Charles Gil
Alors que le Ballet d’Europe s’apprête à parcourir la Provence tout l’été, rencontre avec son créateur et directeur depuis 2003, le danseur et chorégraphe Jean-Charles Gil.
Vous avez une formation et des influences classiques, mais déclarez créer en lien avec le mouvement contemporain. Comment mariez-vous ces deux influences ?
Je travaille la simplicité du geste propre au mouvement contemporain, sur les bases de la danse classique. Je cherche à dépasser le côté figé du danseur classique pour tendre à des expressions plus naturelles : le lâcher du corps dans la largeur, la légèreté du cou, la respiration, l’ancrage dans le sol. Au final, ce qui se donne à voir n’est pas une démonstration, mais une expression naturelle, même en pointes ou en demi-pointes. Ce qui m’inspire, ce sont les gestes de tous les jours, les gens que je côtoie. La technique classique apporte le raffinement en plus.
C’est votre ancrage dans la réalité contemporaine qui vous a poussé à faire de la danse une action citoyenne ?
La précarité du travail me choque, et j’ai effectivement conscience de la délicate problématique de l’emploi pour les danseurs. C’est pourquoi je mène une étude sur le statut du danseur, en lien avec l’Union Européenne. Cela permet de soulever un certain nombre de problèmes comme le chômage et les possibilités de reconversion pour le danseur professionnel. Aujourd’hui mon travail tient compte de la réalité sociale de notre milieu. Je m’implique donc beaucoup dans la post-formation, de même que je veille à monter des projets viables, soutenus financièrement et qui puissent tourner en Europe.
Vous allez présenter une soirée de trois performances avec Josette Baïz et la Compagnie Grenade. Comment travaille-t-on sur l’improvisation ?
La performance est un travail mis à l’épreuve, à peine entamé et jeté sur scène. La soirée performances à Allauch (ndlr : le 31/07) s’organise en trois temps : d’abord le travail de Josette Baïz et de la Compagnie Grenade, puis la présentation de la création du Ballet d’Europe, Sweet Gershwin. Le troisième temps sera la réunion de nos deux énergies. On ne sait pas quelles expressions sortiront de ce métissage final, on ne le sait jamais. Le travail en amont sur des formes classiques et contemporaines ne permet pas de postuler LA forme finale que cela prendra sur la scène.
Propos recueillis par Marion Bonnefond
Les Impromptus du Ballet d’Europe. Du 18/07 au 8/08 à Allauch, La Tour d’Aigues et Manosque. Rens. 04 96 13 01 12 / www.balletdeurope.org