Short Cuts 228

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Dix bonnes raisons de venir à Marsatac

1/ les dix ans
A tout anniversaire sa célébration. Marsatac étant enfin parvenu, après en avoir connu des vertes et des pas mûres, à s’imposer au bout de dix ans comme un incontournable du paysage local, au même titre que la Fiesta des Suds ou le festival Les Musiques, on peut légitimement s’attendre à ce qu’il mette les petits plats dans les grands. L’équipe annonce un « effort particulier porté à la déco et aux ambiances », et a sans doute quelques surprises en réserve : après les auto-tamponneuses et le train fantôme, nous parions sur le Grand Huit, idéal pour gerber sa bière et repartir de plus belle.

2/ la création Mix Up Bamako
Né en février dernier à Bamako, à l’initiative de Marsatac et de quelques partenaires, ce projet associe deux talentueux artistes marseillais – David Walters et Alif Tree – à quatre musiciens maliens confirmés. De facture électro-mandingue, sujet à diverses résidences, il devrait être le premier d’une série de créations entre musiciens régionaux et étrangers (les « Mix Up »), chacune d’entre elles étant suivie par un disque et quelques dates (avant de connaître une « vie autonome »). En principe, la collection intégrale des « Mix-Up » sera présentée en 2013 dans le cadre du festival…

3/ la soirée africaine en ouverture
Au-delà du jeu de miroirs qu’elle provoque logiquement avec la Fiesta des Suds (voir p.4), cette nouvelle soirée sur le J4, additionnelle, brille par la cohérence de sa programmation. Autour de la création Mix Up Bamako, deux têtes d’affiche devraient interpeller un autre public : l’immense Manu Dibango (avec son Soul Makossa Gang) et le plus jeune héritier de Fela, son fils Seun (nanti pour sa part du légendaire groupe de son père : Egypt 80 feat. Tony Allen). Une leçon de groove en provenance du Continent Noir, la terre originelle, comme le rappellera aux platines Gilles Peterson.

4/ le Panier Electronique
Si les partenariats avec les salles ont cette année été revus à la baisse, afin de recentrer l’événement sur le J4, les festivités proposées en « before » et gratuitement dans le quartier du Panier suivent le chemin inverse : quatre apéros au lieu d’un. En fin d’après-midi, vous pourrez retrouver vendredi 26 et samedi 27 de jeunes talents issus de la région PACA et du Nord-Pas de Calais (place des Pistoles) et surtout une carte blanche à la foisonnante scène de Liverpool, entre hip-hop, electro-pop et funk (place de Lenche) : 6ixtoys, Indica Ritual ou Testcard devraient faire parler d’eux.

5/ les révélations
Dans un festival, on vient généralement pour voir les concerts de telle ou telle tête d’affiche. Quand, au fil du temps, on commence par s’y pointer sans réfléchir, c’est plutôt bon signe. Si la programmation de cette dixième édition peut sembler un peu convenue à certains égards, elle devrait pourtant révéler quelques nouveaux venus. Nous vous conseillons vivement d’aller jeter un œil aux prestations d’Ebony Bones (formation punk-funk UK menée par une chanteuse infernale – photo), Platinum Pied Pipers (duo de producteurs nu-soul US) et Polysics (des Japonais en costumes inspirés par Devo).

6/ De La Soul
Mos Def l’an dernier, Public Enemy il y a deux ans… Fidèle à ses débuts hip-hop (avec la scène marseillaise de la « grande époque »), Marsatac s’est peu à peu offert le luxe de programmer à chaque édition une tête d’affiche plutôt balèze dans le genre. Ces messieurs se déplaçant généralement dans le seul but de toucher un cachet exorbitant, leurs sets sont assez millimétrés, pour ne pas dire chiants. Mais les De La Soul, fervents défenseurs d’un hip-hop résolument positif et fidèle à ses origines de partage, sont des mecs à part. A eux seuls, ils peuvent blinder le J4.

7/ l’Angleterre en force
Il y a bien sûr la carte blanche à la jeune scène de Liverpool (cf. le Panier Electronique), fruit d’un partenariat avec le British Council pour la quatrième année consécutive. Mais la scène musicale anglaise, et notamment londonienne, étant un creuset fertile et riche de multiples influences, Marsatac n’allait pas manquer de vous en donner quelques échos : après tout, c’est là-bas que l’idée du festival a germé, il y a quinze ans. On retiendra notamment le duel des ténors du dubstep, Benga & Skream, le hip-hop bariolé de Foreign Beggars et bien sûr la techno aérienne de James Holden.

8/ les valeurs sûres
Pour assurer le succès d’un festival, aussi ouvert soit-il dans sa programmation, encore faut-il s’assurer les services de certains artistes, dont la renommée suffit à elle seule à rameuter le chaland. Cette année, outre De La Soul, ceux-ci ont pour nom Manu Dibango, Patrice, Saul Williams ou The Notwist (très attendus car ici un peu seuls sur le créneau « rock indé »). Pour autant, les valeurs sûres ne sont pas toujours celles que l’on croit : les beatboxers autrichiens de Bauchklang sont mille fois plus intéressants sur scène que Hocus Pocus, qui ont déjà les faveurs du public français.

9/ Laurent Garnier vs Boys Noize
En clôture du festival, deux options vont s’offrir à vous sur le dancefloor. Deux écoles, mais aussi deux générations différentes : Laurent Garnier et Alex Ridha (alias Boys Noize) prendront chacun les platines au même moment, pour deux bonnes heures de mix. Si notre Lolo national fédère large, eu égard à son statut de parrain de la scène techno et à ses sets sans œillères, le jeune Allemand peut compter sur la « génération fluokids » (au programme : pogo sur Justice et saturation à tous les étages). Le peak-time naturel de la soirée : qui sortira vainqueur à l’applaudimètre ?

10/ la dernière au J4
Pour la troisième année consécutive, Marsatac se tient sur le J4, au pied du Fort St-Jean. Profitez-en bien car c’est la dernière : cet hiver, les travaux commenceront pour accueillir une extension du MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) en lieu et place de l’actuel site. Pour peu que le froid ne soit pas de la partie (et que l’acoustique des chapiteaux soit un peu meilleure…), il fera bon déambuler à quelques mètres de l’eau, entre les scènes et le Village des Créateurs. On regrettera forcément ce site idéalement situé en centre (un conseil : venez à pied).

PLX