La belle personne – (France – 1h30) de Christophe Honoré avec Léa Seydoux, Louis Garrel…
Un point Seydoux !
Il y a, dans le dernier film de Christophe Honoré, une superbe séquence qui ne laisse pas de nous faire regretter la demi-réussite de cette adaptation de La Princesse de Clèves. Elle se situe au cœur même de La Belle personne, scinde le récit en deux parties d’inégale vigueur et, conséquemment, le déséquilibre. Junie — magnifique Léa Seydoux — est assise dans un café, la musique mélancolique et vaporeuse de Nick Drake s’échappe d’un juke-box et le temps semble indéfiniment se figer autour du visage pâle et mystérieux de la jeune fille. Cet instant suspendu, capté par une caméra aérienne, constitue l’essence du film, ce vers quoi il tend dans sa première partie : le portrait d’une jeunesse fantasmée, presque idéale et plongée avec insouciance dans un flot complexe de sentiments. La liberté de ton d’Honoré et sa croyance dans le récit auquel il s’attelle s’y exprime d’ailleurs avec bien plus de force que dans ses précédents opus. La caméra furète entre les corps, s’attarde sur les gestes adolescents avec une habileté rarement atteinte. Malheureusement, le climax du film constitue aussi son point de chute. Trop appliqué à suivre le schéma classique du roman de Madame de La Fayette, Honoré pèche par excès de sérieux dans une deuxième partie où, justement, la légèreté de son style aurait fait merveille. Il ne reste alors au spectateur qu’une pierre à laquelle s’accrocher, mais elle est inestimable. Léa Seydoux, actrice d’une beauté sidérante, marque La Belle personne de sa présence virginale. Et, malgré quelques coupables baisses de régime, le film en sort revigoré.
Romain Carlioz