Le cinéma en plein air

Le cinéma en plein air

Etoiles et toiles

 

Avec l’arrivée de l’été, les projections en plein air — souvent gratuite, toujours conviviales — envahissent les parcs et les places des villes et villages. Le cinéma sort des salles le temps d’une (belle) saison.

 

A la nuit tombée, les écrans s’allument, les enceintes crépitent et les places, les pelouses, les chaises et les transats se remplissent. Paniers de pique-nique ou pack de Kro sous le bras, toutes les générations se retrouvent dans la douce brise de fin de journée pour partager un moment de plaisir cinéphilique. Cette année encore, notre contrée louche devient un petit bout de paradis dès les beaux jours venus pour accueillir plus d’une centaine de projections en plein air. Bienvenue dans le dernier endroit où on peut encore fumer au cinéma !

 

Aux quatre coins de Marseille

Déjà vingt ans que l’association Ciné Tilt illumine les nuits estivales marseillaises de ses projections. Pour cette édition 2016 de Ciné Plein Air, une vingtaine de projections viendront animer tous les quartiers, de la Capelette à Saint Jérôme, de Château Saint Loup au Panier, de la Verrerie à la Blancarde, avec même une petite escale au Frioul. Soucieux de proposer une programmation exigeante sans négliger le caractère profondément ludique et festif de l’événement, le Ciné Plein air 2016 proposera jusqu’au 9 septembre du cinéma d’animation (La Grande Aventure Lego de Phil Lord et Christopher Miller, Shaun le mouton de Richard Starzak et Mark Burton, Le Petit Prince de Mark Osborne…), quelques films indés (Whiplash de Damien Chazelle, My Sweet Pepperland de Hiner Saleem) et des grand classiques (Certains l’aiment chaud de Billy Wilder). Le cinéma du monde (Happy New Year de Farah Khan, Number One de Zakia Tahiri) y côtoiera l’opéra rock (Purple Rain avec le regretté Prince, The Blues Brothers de John Landis) et les comédies dramatiques françaises (Les Héritiers de Marie-Castille Mention-Schaar, Les Combattants de Thomas Cailley). De quoi bronzer tout l’été à la lumière du projecteur.

 

Les toiles du Nord

Sous la houlette de l’Alhambra, le festival Ecrans sous les étoiles propose cette année quatre projections dans les quartiers Nord de Marseille. Si la RTM a décidé de les oublier, ce n’est pas le cas du mythique cinéma estaquéen, qui a choisi de délaisser son art et essai traditionnel pour une programmation résolument familiale. Deux films fin juin (Astérix et le Domaine des Dieux d’Alexandre Astier et Les Combattants de Thomas Cailley) et deux mi-juillet (La Famille Bélier d’Eric Lartigau et Astérix et Obélix au service de sa majesté de Laurent Tirard) animeront ainsi les quartiers Saint-Henri, l’Estaque, Mirabeau et Saint-Antoine.

 

Un peu plus près des étoiles (au jardin de lumière et d’argent)

Le toit de la Friche fait partie de ces lieux qu’on oublie facilement l’hiver, dédaignant crânement ses abords bobos pour le redécouvrir avec bonheur dès que le vent s’en va et que le soleil reparaît, un verre de rosé à la main, à la faveur d’un apéro ou d’une soirée électro sur cet immense place opalescente qui domine la ville. Le plaisir est alors complet si en plus on peut profiter, tous les dimanches soir, quand la gueule de bois commence à disparaître, du festival Belle&Toile. Autour du thème « Parlons-nous la même langue ? », le club de spectateurs du Gyptis, programmateur de l’événement, a choisi d’explorer les différences culturelles, générationnelles ou sociales à travers le filtre du langage. Une programmation intelligente qui verra se croiser Fatima de Philippe Faucon (César 2015 du meilleur film), Mother de Bong-Joon Ho (brillant réalisateur coréen de Snowpiercer et The Host), mais aussi Elia Kazan, Patrice Leconte ou Dino Risi.

 

Aix en songes et vidéos

Si la ville de Gyptis et Protis pose ses écrans sur les places, ce sont les parcs et les jardins de la cité aixoise, véritables poumons dans la ville, qui seront à l’honneur pour cette nouvelle édition des Instants d’été. Poursuivant leur partenariat avec le Festival d’Art Lyrique, les Instant d’été proposeront cette année deux opéras en direct avec le classique Cosi Fan Tutte de Mozart mis en scène par Christophe Honnoré et une proposition plus atypique, Kalîla Wa Dimna de Moneim Awan, opéra en langue arabe adapté du grand roman Le Livre de Kalila et Dimna. La programmation purement cinématographique se partagera ensuite tout les dimanches de l’été entre films cultes (La Planète des singes de Franklin J. Schaffner, Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Avanti ! de Billy Wilder, The Big Lebowski des frères Coen) et grands films français (Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau, La Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche). Ville de tous les cinémas, Aix n’oublie pas par ailleurs l’importance de son Festival Tous Courts en proposant une soirée de courts métrages le 7 août.

 

Sortir de la ville

Parce que c’est en dehors des villes, à travers le cinéma itinérant, que les films en plein air ont reçus leurs lettres de noblesse, faisons un petit détour par l’édénique village de Cotignac niché sur les hauteurs provençales pour le festival Les Toiles du Sud qui souffle sa dixième bougie cette année. A flanc de falaise, dans un amphithéâtre naturel aux effluves de lavande, Stéphane Correa, programmateur de l’événement, propose un menu mêlant films cultes et avant-premières. Le culte d’abord avec une soirée autour du mythique Rocky Horror Picture Show avec spectacle et cotillons et un ciné-concert de Chaplin chanté à la voix. Côté avant-premières, certains films qui ont fait le bonheur de la Croisette en mai comme Captain Fantastic de Matt Ross, Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg, Victoria de Sebastian Schipper ou La Danseuse de Stéphanie Di Giusto viendront compléter une alléchante programmation.

Daniel Ouannou