Boucherie chevaline, à la Minoterie
Vagues souvenirs
En quête de nomadisme, le Cosmos Kolej prend plaisir à perdre ses repères dans sa Boucherie chevaline sans pour autant nous déboussoler.
S’il n’est pas facile de créer et d’acter sa propre matière — en dehors de toute schizophrénie latente, bien entendu —, si parler de ses propres souvenirs sans tomber dans la bribe ou, pire encore, la brève de comptoir un peu trop personnelle, s’avère un exercice périlleux, il n’en reste pas moins que la réponse à l’exigence doit être à la hauteur des attentes du spectateur. Alors, sur un plateau, parler du quotidien sans surprendre est un peu gênant… Wladyslaw Znorko aurait-il pensé que nous allions trop vite nous lasser ? Le rythme de la pièce s’en trouve saccadé — changement de posture et d’état — dans une fragmentation presque kaléidoscopique, qui ne crée pas pour autant d’authentique surprise. Dans sa volonté de toucher à quelque chose de sincère — puisqu’il cherche dans ses propres souvenirs et dans ceux de la comédienne Florence Masure, native comme lui de la ville de Roubaix —, il ne parvient pas à nous faire croire à l’authenticité de ce souvenir. Au final, peu d’intimité nous est dévoilée par ce jeu trop exalté, la scénographie un peu obsolète et la bande-son pauvre, répétitive. Pour le reste, oui, il y a du cœur, il y a de l’âme, mais ce soir-là, la Boucherie Chevaline ne nous a guère émus. La vraisemblance est une chose que le théâtre doit guetter, mais qu’il ne peut atteindre à chaque partie, c’est tout l’enjeu, et pour cela, nous y retournerons…
Joanna Selvidès
Boucherie chevaline. Jusqu’au 18 à la Minoterie (9/11 rue d’Hozier, 2e).
Rens. 04 91 90 07 94 / www.minoterie.org