La Folle Histoire des Arts de la Rue

La Folle Histoire des Arts de la Rue

La rue est vers l’art

Six compagnies du département dans six villes pendant six semaines : tel est le programme diabolique conçu par Karwan pour retracer La Folle Histoire des Arts de la Rue. Un (par)cours magistral !

bus-expo.jpgTout a commencé le 13 septembre à Marignane, devant la bibliothèque Jean d’Ormesson, où les badauds ont pu découvrir un bus aux couleurs de l’arc-en-ciel, beau comme un camion. A l’intérieur, un banc pour célébrer la rencontre du collectif Ex Nihilo avec son public, un « arbre aux livres », les « boîtes à voyages » de la compagnie Artonik ou encore un vélo pour mettre en selle les « clients » de la compagnie No Tunes International. Autant d’objets et d’installations qui retracent l’histoire et la géographie des arts de la rue dans seulement trente mètres carrés. A 18 heures, le bus est parti pour Aix. Il a sillonné ainsi le département pendant quinze jours, laissant ses visiteurs la tête pleine d’images colorées et des anecdotes truculentes racontées par un délirant gardien-guide-chauffeur-comédien-monsieur loyal. Début octobre, il s’est arrêté à Gignac, s’offrant une parenthèse enchantée en compagnie d’Artonik, qui a emmené les curieux tour à tour sur la terrasse d’un café pour 12’ chrono, on the beach et dans le pré. Puis il a accompagné les chercheurs cinglés de No Tunes International à Saint-Rémy, où la troupe de Fabrice Watelet a joué les facteurs et les noceurs et nous a donné rendez-vous avant de partir en cavale. Le bus est aujourd’hui à Auriol. Sur le Cours, les danseurs de rue d’Ex Nihilo dessinent des trajets de vie et des trajets de ville, s’enlacent et s’entrelacent dans la Calle Obrapia ou au bal du samedi soir. Dès le 20, le bus fera escale pour une semaine à Vitrolles où, tandis que le détracteur public Jean-Georges Tartar(e) régalera les passants de ses récits de voyages, les vétérans de Générik Vapeur créeront un « trafic d’acteurs et d’engins » pour semer le désordre poétique dans la rue. A Miramas fin octobre, c’est Ilotopie qui jouera les trouble-fêtes aux abords du bus place Jourdan, devenant oreilles pour livrer les messages de la ville ou gens de couleur, collectionneurs d’îles ou fous de bassin. Le bus rejoindra enfin Salon-de-Provence pour un final en apothéose réunissant tous ces créateurs fous qui ont fait de la rue une scène. Leur scène. La nôtre.

CC

La Folle Histoire des Arts de la Rue. Jusqu’au 19 à Auriol avec Ex Nihilo, du 20 au 26 à Vitrolles avec Générik Vapeur et l’Agence Tartar(e), du 27/10 au 2/11 à Miramas avec Ilotopie et du 1er au 9/11 à Salon-de-Provence avec toutes les compagnies. Rens. 04 96 15 76 30 / www.follehistoire.fr

L’interview : Anne Guiot

Fou, c’est le mot qui convient. Deux mois et demi de spectacles à travers tout le département et deux ans de préparation pour peaufiner le projet. La directrice artistique de La Folle Histoire des Arts de la Rue, résume : « Notre scène, c’est la rue ! »

Comment est né ce projet ?
Karwan (ndlr : pôle de diffusion des arts de la rue et des arts du cirque) a porté avec Lieux Publics l’Année des 13 Lunes et l’exposition monumentale Le Grand Répertoire. Nous poursuivons l’idée de l’implantation territoriale, la volonté d’aller vers le public et la proposition du répertoire propre à chaque compagnie.

D’où vient le nom de l’événement ?
C’est un clin d’œil à La Véritable Histoire de France, un spectacle de la compagnie Royal Deluxe qui mettait en scène un livre géant.

Pourquoi un projet itinérant ?
La dimension territoriale est liée au contenu du projet : une compagnie s’implante dans une ville pendant une semaine et présente l’essentiel de son œuvre. C’est un projet de fonds : on déroule l’histoire des arts de la rue en se positionnant sur l’aspect évènementiel et en s’inscrivant dans une écriture artistique spécifique.

Que représente la dimension tentaculaire d’un tel projet ?
D’abord, la richesse du département en termes d’arts de la rue : toutes les compagnies sont issues des Bouches-du-Rhône. Ensuite, l’aspect de la découverte, notamment avec le Bus-Expo, qui est le fil rouge de la manifestation. Cela permet au public de découvrir ce que sont véritablement les arts de la rue, dont l’histoire est récente.

Qu’en est-il de l’aspect pédagogique du projet, puisque les compagnies vont aller à la rencontre des lycéens et des collégiens ?
Un travail de préfiguration a été entrepris de mars à juin, pendant lequel les compagnies se sont rendues dans les collèges pour sensibiliser les jeunes. Nous mettons en place un projet de fonds, en allant vers les publics, pour qu’ils s’approprient les arts de la rue. Ce sera le cas au cours d’ateliers avec les élèves, dans l’espace de leur collège, qui est aussi un espace public !

Comment le projet est-il relié à Marseille 2013 ?
D’abord par la construction de la Cité des Arts de la Rue. Karwan fait partie des structures constitutives. Nous répondons à la candidature en termes de territoire, en le couvrant totalement. Le projet prendra une dimension de plus en plus européenne, jusqu’à l’apothéose en 2013. On ne construit pas une Cité des Arts de la Rue pour y rester confinés, mais pour jouer dehors puisque notre scène, c’est la rue !

Propos recueillis par Bénédicte Jouve